Le 59ème Festival… des médias :
que serait cette manifestation sans ceux qui font parler d'elle dans le monde entier ?
- photo Duroselle -
Ils étaient une poignée au départ. Guère plus de 200 journalistes au début des années soixante et tous ne restaient pas durant les 15 jours du Festival. Ils se réunissaient sans avoir à se serrer dans la petite salle de presse, dans les étages de l'ancien Palais, pour poser leurs questions aux metteurs. En scène et aux artistes. A cette époque on ne parlait guère anglais ou franglais. Qu'on le veuille ou non, se sont eux qui ont fait du festival ce qu'il est aujourd'hui : une manifestation d'une ampleur véritablement mondiale. Les stars étaient accessibles et se promenaient sans escorte le long de la Croisette…
Cinquante ans plus tard, ils sont quelques milliers qui se distinguent à la couleur de leur badge. Il y a ceux qui ont droit au casier de presse, ceux qui pourront monter les marches, ceux qui assisteront aux projections dans la grande salle, ceux qui participeront aux conférences de presse, et les autres … ils sont en principe triés par ordre d'importance, selon l'espace que leur média consacrera à l'événement et selon l'importance du média lui-même. L'anglais est le sésame plus que le français. Le périodique gratuit, Métro, distribuera quotidiennement sa prose dans cette langue magique qui fédère les échanges en tout genre.
La télévision a pris au fil des années une place démesurée. Elle écrase tout sur son passage et a introduit, entre autres, la notion de prime time. Tout se mesure à l'aune des taux d'audience.
On en arrive à se demander par exemple ce que serait le Festival sans Canal. Pour les spectateurs et téléspectateurs, sans doute plus terne. Cette année se sera encore mieux, annonce son directeur général, Rodolphe Belmer ! Encore plus de moyens pour couvrir les dessous du festival et la Montée des marches. Le Grand journal bien sur, avec Michel Denisot, à qui l'on décernera d'avance la Palme de l'intelligence et de l'aménité. Les Guignols évidemment, L'hebdo cinéma avec la pénétrante Daphné Roulier, La Party, une émission inédite de Frédéric Taddéi, sur les coulisses de la fête. Autre nouveauté, Cannes confidential, programme spécial, diffusé les 19 et 20 mai, comprenant dix films primés ou sélectionnés à Cannes et un documentaire, le Journal de bord par Vincent Cassel, maître des cérémonies.
N'en jetez plus, la cour est pleine ! Que reste-t-il aux autres, nombreux ? Suffisamment sans doute qui se déploient sur toutes les plages, dans tous les palaces de la Croisette. Les radios font leur cinéma et étendent leurs bannières. Tous les jours sur France inter, France bleue, France culture, France musique, et sur les locales. Cannes radio, on s'en doute sera en première ligne, Paul Pacini peut être fier de son bébé !
L'inflation de médias et de professionnels du spectacle et de la communication peut être considérée comme un signe de vitalité. Le Festival de Cannes a encore de beaux jours, certains esprits chagrins diraient de beaux restes. Mais, dans ce domaine aussi la concurrence est féroce. D'autres festivals dirigent de plus en plus de projecteurs sur eux, le festival de Toronto semble bien placé pour prendre une part importante du marché et de l'attention médiatique. Attendons la fin du 59 ème Festival pour dire si les menaces se précisent.
- mention : www.pariscotedazur.fr - avril 2006 - A.D. -