Québec : la vache à lait des intercommunalités :
les élus s'en mettent plein les poches. C'était devenu tellement évident que la mairesse de la Communauté métropolitaine de la ville de Québec a décidé de mettre les pieds dans le plat et de déranger ce bel agencement.
La Communauté métropolitaine c'est l'équivalent en France de l'intercommunalité dont nous attendons monts et merveilles. Elle est parée de toutes les qualités et devrait faire réaliser des économies, dit-on. Dans la belle province de Québec on déchante. Andrée Boucher, la courageuse mairesse, s'est attaquée, bille en tête, aux indemnités nombreuses et variées cumulées par beaucoup d'élus. Pour elle, 500 000 $ par année et par élu, c'est trop et le plus souvent injustifié. "Ça n'a pas de bon sens", s'est-elle exclamée. Terminer les jetons de présence à 12 000 $ par élu payé alors même qu'ils sont absents !
Le salaire de base ( on préfère en France parler plus pudiquement d'indemnité de fonction ) des membres de la Communauté métropolitaine de Québec est de 5368 $ par mois soit 64 416 par an auquel il faut ajouter, il est vrai, une "allocation" non imposable équivalent à la moitié du salaire versé. Comment alors, les élus arrivent-ils à empocher 500 000 $ l'an ? Par le cumul avec d'autres fonctions électives et la participation, souvent théorique, aux nombreuses commissions mises en place. Certains membres n'y participent jamais mais ne manquent pas de réclamer ce qu'ils considèrent comme un dû. D'autres, plus appliqués, s'astreignent à participer, ainsi, ceux de la Commission de développement économique ont eu à siéger 39 heures en 2005, ceux de l'environnement à 9 h 45…pas le bout du monde, on le voit. Calculé en salaire horaire, c'est assez impressionnant !
Plaidant pour une diminution des indemnités, Mme Boucher finit par obtenir une réduction de 30%, moins qu'espéré. Elle n'eut pas la tâche facile et se fit, ce jour là, plus d'ennemis que d'amis parmi ses collègues. Mais, les électeurs se souviendront d'elle le jour venu…"On a failli s'égorger. Ils étaient tous réfractaires…" se rappelle-t-elle.
Ce résultat obtenu est de ceux capables d'apporter aux élus un peu plus de crédibilité. Lorsque les temps sont durs, ils le sont pour tout le monde. C'est une façon de ne pas l'oublier même si pour le Smicard, cette diminution est un rien symbolique…
- mention : www.pariscotedazur.fr - avril 2006 -