Le Canada nous envoie Bombardier :

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Catégorie Les paradoxales

A première vue, l'affaire est simple. La SNCF a choisi de faire réaliser les nouvelles rames pour son trafic banlieue de la région parisienne par l'entreprise canadienne Bombardier. Au grand désespoir de ses concurrents, le français Alstom et l'allemand Siemens. Un contrat d'importance puisqu'il s'agit de 3 à 4 milliards d'euros.

De là à dire que ce choix se fait au détriment des entreprises françaises et de ses travailleurs, il n'y a qu'un pas que certains se sont empressés de franchir. Syndicats en tête oublient un peu vite que Bombardier Transport France fabriquera ses trains dans le Nord de la France. Pour être plus précis encore, elle sous-traitera 40% du contrat à Alstom.

Sur ce sujet rendu brûlant, les politiques s'en sont donnés à cœur joie. La fleur à la boutonnière, Philippe de Villiers et Jean-Marie Le Pen y sont allés de leur couplet patriotique, faisant fis volontairement du principe de réalité. L'Europe économique existe, le monde bouge, il se mondialise, ce ne sont là que des évidences. Alors à quoi bon s'exciter et ameuter les foules. Plutôt se poser la seule bonne question : pourquoi Alstom n'est-il pas concurrentiel face à une entreprise française, filiale d'une entreprise dont le siège central est au Canada ?

La réponse ne paraît pourtant pas difficile à trouver. La France est un des pays où le prix du travail est le plus cher. Un pays qui déborde de lois sociales et de protection en tout genre, un pays qui subventionne à tout va, un pays aux trop nombreux fonctionnaires…La flexibilité, connaît pas ! Les petits privilèges, accumulés par des générations de syndicalistes, on ne connaît que ça ! Pas question de changer de région, d'aller où se trouve le travail, pas question de changer de métier, quant à changer d'entreprise, cela est trop souvent vécu comme un échec, une tâche dans son CV.

Partie prenante, Jean-Paul Huchon, le président PS de la région d'Ile de France est un peu gêné aux entournures. D'un côté en prenant le moins disant – comment faire autrement – il réalise de substantielles économies. De l'autre, il passe pour un mauvais patriote.

Pendant ce temps, la presse canadienne roucoule, fière d'avoir décroché cet impressionnant contrat, oubliant volontiers que 85 % du travail sera effectué dans le Nord de la France, ne retenant que les chiffres mirobolants.

Aux dernières nouvelles, rien n'est définitivement joué. Alstom attaque Bombardier, se plaignant de la position protégée au Canada de son concurrent. Il a demandé en référé au Tribunal administratif de Paris de suspendre la signature du contrat.

Quel sera le prochain épisode ?