Energie : des économies, pourquoi faire ?
le prix du pétrole flambe, l'approvisionnement en gaz peut se révéler problématique…
On redécouverte que l'énergie n'est pas gratuite, qu'elle n'est pas inépuisable, qu'elle est un enjeu géopolitique, qu'elle est vitale pour notre confort, indispensable à notre développement industriel. Mettez ces ingrédients dans l'ordre que vous voulez, il est impossible de faire l'impasse !
Que se soient les économistes du Club de Rome en 1960, ou les écolos de tout bords depuis, ces Cassandre avez déjà prévu le pire et tenter d'avertir les décideurs. Personne ne les a écouté. Cela ne faisait l'affaire de personne, surtout pas les lobbies constitués qui ont mis tout leur poids dans la balance, et qui n'eurent pas trop d'efforts à faire pour imposer leurs plans. Les politiques, on le sait, vivent à vue, n'ayant en point de mire que l'élection suivante. Ils leur seraient bien difficile, sous peine de non-ré-élection, de promouvoir des réformes, par essence (!) impopulaires. Le mieux c'est de ne rien faire et de laisser ses successeurs, le plus tard possible évidemment, se débrouiller avec le bébé !
De fil en aiguille, on est passé de la croissance zéro, évoquée par les sages du Club de Rome, en 60, à un projet de décroissance dont parlent de plus en plus les écolos. Des Verts comme Yves Cochet, annoncent à l'horizon des mesures de rationnement du pétrole et préconisent des taxes supplémentaires. Un message que personne ne veut entendre, et surtout pas des électeurs qui s'auto (!) puniraient … Un optimisme béat prévaut et les maigres décisions propres à économiser les sources d'énergie sont des gouttes d'eau dans l'océan de la surconsommation. On ne parle toujours et encore que de développement économique. Un point en moins ou en plus donne à la Bourse sa raison d'être. On préfère investir, mais c'est le sujet d'un autre débat, dans l'exploration de galaxies lointaines, au cas où ça pète ici, ou la vie devienne invivable !
Vous aviez dit économie, je crois ? On a déjà connu le temps où on en parlait. Les mesures anti-gaspi, vous vous rappelez ? Un feu de paille. Oublié les bonnes résolutions, trop contraignantes ! La France étant une élève particulièrement mauvaise en ce domaine. C'est que nous, nous avons l'énergie nucléaire, nous, nous dépendons si peu des autres. Rendez-vous compte : plus de 75 % de notre électricité est produite par l'énergie atomique. Une énergie qui, on le sait bien, ne pollue pas, ne contribue pas au réchauffement de la planète, seulement un peu les rivières, quand il y a assez d'eau pour refroidir nos centrales… Pas de raisons donc de serrer la ceinture, de réfléchir à l'après uranium, à l'après pétrole. Pas la peine de mettre du solaire sur le toit de nos maisons, même pas les plus récentes, mêmes pas celles qui ne sont pas encore sorties de terre : ça gâcherait l'esthétique de nos toits provençaux. Pas la peine d'utiliser la force du vent dans nos plaines et nos campagnes ; nos paysages ne sont-ils les mamelles de notre industrie touristique qui risquerait alors de prendre froid ! Le froid, d'ailleurs, ça va ça vient et ce réchauffement climatique ne tombe-t-il pas à point ?
Vous aviez dit économies, je crois ? Oui, je veux bien mais pourquoi ? Pour que, grâce à ces centaines de milliers de litres de gasoil et d'essence, économisés à grand peine, les pilotes d'offshore, de jet ski, de 4x4 spécial autoroute, de motoneige, les skieurs de piste, les croisiéristes et les aux-boutistes du tour du monde en avion, continuent, imperturbables, insensibles aux dégât qu'ils provoquent, à vivrent intensément leur passion, sans jamais en payer le vrai prix ?
Quand donc oserons-nous nous poser les vrais questions ? Quand donc serons-nous capables d'affronter les réponses qu'elles ne manqueront pas de susciter et qui ne seront pas agréables à entendre ? Quand donc serons nous capables de modifier notre façon de vivre ? Le devenir de nos sociétés en dépend, la qualité et l'espérance de vie de nos petits enfants aussi.
- mention : www.pariscotedazur.fr - Alain Dartigues – janvier 2006 -