Direction du tourisme de Cannes :
à bâtons rompus avec Henri Céran, son directeur.
- Quel est le rôle exact du directeur du tourisme que vous êtes ?
-J’ai en charge de promouvoir le tourisme de loisir, le tourisme de congrès et d’assurer la commercialisation du Palais des Festivals.
- Je suppose que cela implique de nombreux déplacements.
-Environ une trentaine chaque année dont un bon nombre à Paris et à Londres. Il faut savoir que les Anglais sont de loin nos clients les plus nombreux et les plus fidèles.
- Est-ce que l’introduction de l’euro risque de freiner les voyages et de nous défavoriser ?
- Je pense que c’est plutôt l’inverse. Grâce à l’euro il sera plus facile de faire des comparaisons et beaucoup découvriront alors avec surprise, qu’à qualité/prix, Cannes est une destination tout à fait compétitive.
- On parle volontiers du bilan positif, moins volontiers des zones d’ombre. Des plaintes de nos visiteurs concernant la sécurité, le stationnement, la propreté, l’accueil…du dérapage de certains restaurateurs et hôteliers concernant les prix…
- Il est vrai que les organisateurs de nos plus grands congrès ont du mal à accepter que l’administration, qui fait preuve d’une grande efficacité pour ce qui touche la sécurité des personnes et des biens durant la période du Festival du Film, soit si discrète lors d’autres manifestations qui amènent pourtant une clientèle internationale de grande qualité. Par ailleurs, la nouvelle du moindre incident pouvant survenir à un congressiste pendant son séjour, fait vite le tour du congrès et une bien mauvaise publicité.
- Il semble que le développement du tourisme cannois se soit fait aussi bien dans la direction d’un tourisme populaire que vers un tourisme de luxe ?
-Cannes n’est pas un produit homogène. Il y a presque autant de places dans les résidences hôtelières que dans les hôtels traditionnels et il faut bien remplir les uns et les autres. Lorsque j’ai pris mes fonctions, l’objectif était de stabiliser la fréquentation de la ville tout au long de l’année. Cet objectif est atteint. Les palaces ne ferment plus en hiver. Les taux de remplissage des hôtels rivalisent avec ceux des grandes capitales. Les restaurateurs et nombres de commerces y trouvent leur compte. Une population locale importante ne vit pratiquement que des retombées de cette industrie du tourisme.
- Avec 74,5 millions de visiteurs, la France est la destination mondiale numéro un. Mais la course en avant n’est pas prête de s’arrêter. Je vous ai entendu évoquer, presque avec inquiétude, le fait que la progression enregistrée se situait sous la barre des 2 %.
- Cannes, avec une augmentation de 14 %, est dans le peloton de tête. On lui décernerait volontiers la Palme d’or du tourisme.
- Mais jusqu’où peut aller ce développement ? Ne va-t-on pas arriver à l’asphyxie, n’y sommes nous pas déjà sur le bord ?
- La bonne santé du tourisme cannois étant assurée, il est temps de définir de nouveaux objectifs. Ce sera au nouveau maire et à son équipe de le faire. Je souhaite qu’on me demande d’y participer.
- Le choix d’un tourisme de luxe et de très grand luxe, tel que le souhaite par exemple un Gérard Rodriguez, vous paraît-elle envisageable ?
- C’est une piste.