Les fake news prolifèrent...

Catégorie Les paradoxales

Face aux fake news, les techniques de veille peuvent aider. Elles n’ont cessé de se développer. Selon un récent sondage, 2/3 des Français y seraient sensibles. Face à ce phénomène, les techniques propres à la veille stratégique peuvent servir de grille d’analyse. Arnaud Marquant, directeur des opérations KB Crawl SAS, nous donne quelques conseils :


« Il y a quatre ans, l’immersion de la pandémie de Covid-19 s’est caractérisée par un vaste mouvement de désinformation sur les réseaux sociaux. Loin d’avoir disparu, celui-ci perdure en 2024. 

Comment les Françaises et les Français peuvent-ils s’armer face aux phénomènes de désinformation qui frappent notre société, surtout au moment où l’IA générative est en capacité de générer des sons et des images semblant réels ? Sans doute en adoptant certaines des techniques que la communauté des veilleurs stratégiques applique au quotidien. Trois éléments sont ici à avoir en tête :

Posez un regard critique sur toute information.

Un veilleur qui prend connaissance d’une information la considère avec distance. À l’image d’un fruit dans lequel il s’apprête à croquer, il pose préalablement un regard critique dessus, considère son enveloppe, sa forme, ses aspérités… Cette approche distanciée lui permet de considérer par exemple qu’une « information » émise sur un réseau social tel que X (anciennement Twitter), Instagram ou Tik Tok est très largement susceptible de s’apparenter à de la propagande. Il sait également que certains sujets sont sur-investis par la désinformation. C’est le cas des guerres et des conflits (Ukraine, Israël-Hamas…) ou du climat, thèmes éminemment sensibles. Le veilleur a également conscience du fait qu’un titre racoleur, sans nuance, peut être un signe de fausse information. Bref, il se méfie de la forme de l’information avant même de l’avoir « consommée ». 

Qui me parle ? La question de la source.

L’action majeure que réalise un veilleur consiste à vérifier la source de l’information qui lui est donnée et dont il vient de prendre connaissance. Il effectue souvent une recherche sur trois points essentiels : qui est l’auteur (du texte, du post, du podcast, de la vidéo…) ? Sur quel site l’information est-elle donnée ? À quel moment est-elle promue ? Prenons le cas d’un article rédigé par un éminent spécialiste, c’est-à-dire par une personne qui se présente comme un expert. Il convient d’en savoir plus sur lui, de taper son nom sur un moteur de recherches, d’identifier le laboratoire ou l’entreprise auquel il est rattaché, de vérifier si les publications de cet auteur sont reconnues par des agences d’État. Vous pouvez également effectuer des recherches rapides sur l’établissement auquel se réfère cet auteur. Celui-ci est-il véritablement sérieux, c’est-à-dire reconnu par des institutions ? Tout élément faisant figure d’autorité doit être ainsi soupesé. Il est également important de remonter à la source originelle de l’information relayée. Si aucune source n’est donnée, là encore votre moteur de recherche pourra vous être utile. En copiant-collant le contenu de l’information, vous trouverez cette source… voire aurez la confirmation du fait qu’il s’agit d’une rumeur.

Observez et maîtrisez vos émotions ainsi que vos propres biais.

Dans la plupart des cas, la croyance ou la propagation d’une fake news sont encouragées par des personnes qui se trouvent saisies par leurs propres émotions. Peur, colère, sentiment d’injustice, espoir… Ces éléments constituent des leviers puissants, surtout lorsqu’ils croisent nos propres convictions. Ici, gare à ce que l’on appelle le 'biais de confirmation', cette tendance naturelle que nous avons tous à croire des informations qui confortent nos propres préjugés, nos hypothèses ou nos idées. Il convient toujours d’avoir à l’esprit que ces mécanismes cognitifs existent, et que nous en sommes nous-mêmes porteurs…. »

 Arnaud Marquant

  • Quelques sites repérant les fake news : AFP Factuel - Les Décodeurs / Journal Le Monde -  Conspiracy Watch, service de presse en ligne dédié au conspirationnisme et au négationnisme.