Art photographique. Nice Manhattan...

Du 17 février au 26 mai 2024, le Musée de la Photographie Charles Nègre de Nice présente « The Manhattan Darkroom », la rétrospective du travail inédit du photographe français Henri Dauman Près de 170 photographies emmènent le public dans un voyage à travers l'histoire récente des États-Unis.


Des premières expositions d’Andy Warhol à l’émergence du Minimal Art, nous assistons à la mise en place d’une scène artistique dynamique et conquérante. Les arts sont florissants quand l’avant-garde a pour noms Merce Cunningham, Philip Glass ou Walter Carlos. New York est le creuset de toutes les transformations. John Lindsay mais surtout John Fitzgerald Kennedy expérimentent de nouvelles formes de marketing politique. La communication change et Henri Dauman s’en fait l’écho.

Tout s’accélère dans les années 1960, les femmes, les afro-américains et les minorités manifestent. Dans Life, mais surtout dans le New York Times, Henri, avec ses photographies relate fidèlement et avec originalité cette mutation. The Manhattan Darkroom est plus qu’une simple exposition photographique, elle est un mémorial de l’Amérique moderne.

Henri Dauman est né 1933 au cœur de Montmartre à Paris. Les premières années de sa vie sont marquées par la déportation de son père à Auschwitz et le décès prématuré par empoisonnement de sa mère en 1946. Devenu orphelin, il émigre aux États-Unis en 1950. Il part, seul avec son appareil, retrouver un oncle établi à New York. C’est là qu’il commence sa carrière de photographe. Tout d’abord correspondant pour la presse française et internationale (France-Amérique, Epoca ou Paris Match), il rejoint assez rapidement les magazines américains alors prospères. Il conserve néanmoins un statut d’indépendant, ce qui l’autorise à travailler pour le supplément culturel du New York Times.

Henri Dauman ne manque pas de qualités. On apprécie son bilinguisme, sa disposition et on lui trouve un style propre. Cadrages subtils et efficaces, relations proches avec le sujet, sens de la narration sont appréciés des rédacteurs en chef qui vont bientôt lui confier couvertures et reportages couleur.

L’Amérique est une fascination, mieux même, une sidération. Les premières images attestent de l’étonnement du jeune homme devant la puissance et l’élégance architecturale de la ville. Dans Greenwich Village, où il s’est installé, il saisit l’esprit désinvolte et décomplexé. Dans le Bronx, c’est un tout autre monde qu’il dépeint. « The Savage Nomads Gang » (1977) expose sans détours une jeunesse en rupture, inventant ses propres codes.

La priorité avec Henri Dauman, c’est de raconter des histoires. L’homme avoue sa dette au cinéma et à sa grammaire. Séquences, short cuts, plans rapprochés, fondus au noir, jeux de lumière, tout l’arsenal du cinéma est convoqué pour que l’image, la légende et les textes ne fasse plus qu’un. À l’efficacité du cinéma américain répond la justesse de la mise en page du magazine. Ce style n’est pas qu’un hommage, il répond à la concurrence grandissante des médias émergents. Son œuvre photographique apporte un nouveau regard sur l’Amérique. A un moment clé, celui du renouvellement des générations, quand les États- Unis renouvellent leurs idées, leurs formes et leurs modèles se rejoignent, elle offre le visage contrasté du doute, de la lutte et de l’espoir. Cette vision est celle d’un homme qui, grâce à son parcours atypique et à la justesse de son regard, sera en première loge pour nous raconter cette histoire et nous livrer des images inédites.


Musée de la Photographie Charles Nègre
1 Place Pierre Gautier  06300 Nice
Tél. 04 97 13 42 20
www.museephotographie.nice.fr