Quand bien mème…

Catégorie Les paradoxales

En bref, un mème est un élément de contenu, sous forme d'une image, une vidéo ou un texte, principalement caractérisé par sa nature humoristique ou sarcastique. Les mèmes populaires se propagent rapidement en ligne. Encore un mot qui sort de nulle part, tout du moins pas de chez Larousse… mais de plus en plus l’utilisent sans en savoir précisément la signification et sans savoir non plus les risques qu’ils prennent à fabriquer un « mème » ou à le partager sur les réseaux sociaux.


- le terme de « mème » a été proposé pour la première fois par
le biologiste Richard Dawkins dans Le Gène égoïste (1976) -


Jason Adler, ingénieur chez Repocket, souligne la tension entre la nature intrinsèquement sans frontières d'Internet et les limites des lois nationales. « Ces lois peuvent sembler rigides et extrêmes, prévient-il, mais elles nous incitent aussi à réfléchir à l'équilibre que nous devons trouver entre l'humour, la créativité et une communication respectueuse. »

Il fait référence aux 5 pays où les mèmes sur Internet peuvent entraîner de lourdes amendes ou des peines de prison. « La liberté n'est rien d'autre qu'une chance d'être meilleur », a écrit Albert Camus. Pourtant, dans certains coins du monde, même la liberté enjouée de partager des mèmes sur Internet peut avoir de graves conséquences. Qui aurait cru que l'acte innocent de partager des mèmes pourrait nous mettre dans une situation délicate, tant financièrement que juridiquement.

Alors que les mèmes sur Internet sont souvent perçus comme des vecteurs d'humour et d'esprit, ils peuvent aussi brouiller les frontières entre la libre expression et l'atteinte aux droits de propriété intellectuelle ou la diffamation. Dans plusieurs pays, cette lutte constante a abouti à des législations drastiques, exposant les internautes partageant des mèmes à de lourdes amendes ou à des peines de prison. 

  • En Russie, adoptée en 2016, la « loi anti-mème » interdit l'utilisation d'images de personnalités publiques qui ne correspondent pas à leur personnalité dans la vie. Cela inclut les figures locales et internationales. Les amendes peuvent atteindre jusqu'à 40 dollars.
  • La Turquie, dans le cadre de sa loi controversée sur Internet, a sévi contre les mèmes jugés offensants. Les citoyens peuvent être emprisonnés jusqu'à 2 ans ou condamnés à une amende si leur contenu est considéré comme insultant pour les valeurs religieuses ou le président.
  • En Inde, en raison des lois existantes sur la diffamation, le partage de contenu en ligne - y compris les mèmes - qui dénigre une personne peut entraîner une amende allant jusqu'à 2000 € ou une peine de prison allant jusqu'à 2 ans.
  • En Corée du Sud, la loi sur la cyberdiffamation punit les utilisateurs qui partagent des informations nuisibles à la réputation d'une personne, qu'elles soient vraies ou non. Cela inclut les mèmes, et la peine peut aller jusqu'à 7 ans de prison ou une amende pouvant atteindre 35 000 € .
  • En Australie, l'exception « parodie et satire » aux lois sur le droit d'auteur ne s'applique pas si une œuvre est jugée nuisible à l'honneur ou à la réputation de son propriétaire. Les créateurs et les diffuseurs de mèmes pourraient être condamnés à une amende allant jusqu'à 70 000 € pour les particuliers et 350 000 € pour les entreprises.

Être conscient de ces lois peut protéger les utilisateurs d'Internet contre des pièges juridiques involontaires. Selon Jason Adler, la clé réside dans une utilisation responsable d'Internet. Pensons à insérer un filigrane pour revendiquer la propriété, assurons que la source de tout matériel emprunté est créditée, ou utilisons un générateur de mèmes qui garantit que ses images sont libres de droits.

Selon lui, « en équilibrant la ligne précaire entre l'hilarité et les charges lourdes, rappelons-nous que dans notre monde interconnecté, nos actions en ligne peuvent avoir des conséquences lointaines. Les mèmes sont destinés à l'amusement, pas au désordre. Gardons-les ainsi. Au final, il ne s'agit pas de réprimer le rire, mais de défendre la dignité des autres, et ça, ce n'est pas une blague. »