La connaissance de notre consommation d'électricité,
paramètre pour réaliser des économies ?
Consomme-t-on moins d'énergie lorsqu'on a connaissance de sa propre consommation électrique ? C'est ce que tendent à montrer les résultats de l'expérience "TicElec" menée depuis 2012 par le Groupe de recherche en droit, économie et gestion du CNRS/Université Nice Sophia Antipolis, sur un panel d'une centaine de ménages volontaires de la commune de Biot dans les Alpes-Maritimes.
Cette expérience, une première en France, visait à doter les ménages de différents outils techniques (fournis par la société Ubinode) pour les informer régulièrement de leur consommation électrique. Les résultats montrent des différences significatives selon que les ménages suivent ou non l'état de leur consommation et soulignent que l'apport d'information est d'autant plus percutant que celle-ci est neutre, c'est-à-dire sans comparaison avec celle des autres. Ces résultats sont publiés le 22 août 2015 dans la revue Journal of Strategy and Management.
Pouvons-nous réduire
notre consommation électrique de manière durable et pérenne sans pour
autant avoir l'impression de retomber à l'ère de l'éclairage à la bougie
? Sommes-nous capables d'identifier les postes
de consommation les plus énergétivores et sommes-nous aptes à modifier
nos habitudes ?
La consommation électrique semble encore invisible pour bon nombre de
ménages qui méconnaissent souvent les sources de surconsommation et sont
peu informés de l'impact de leur effort individuel et de leur
contribution dans ce domaine. Forts de ce constat, le
Groupe de recherche en droit, économie et gestion (CNRS/Université Nice
Sophia Antipolis) et les partenaires du projet TicElec (Technologies de l'information pour une consommation électrique responsable) ont
piloté une expérience originale sur plus d'un an afin de mesurer les
réelles conséquences pour les ménages d'être
informés sur leur consommation électrique. Pour ce faire, les
chercheurs ont constitué plusieurs groupes de familles : deux groupes
dotés de différents outils techniques (compteurs intelligents ou
capteurs nomades appelés solutions TIC) afin de les informer
sur leur consommation électrique et un groupe témoin non équipé. Les
deux groupes équipés avaient des informations plus ou moins détaillées
allant des consommations au jour le jour, à une information selon la
nature de l'équipement des ménages (consommation
du chauffe-eau, de la chaudière ou des différents appareils
électroménagers par exemple).
Résultat : pour l'ensemble des ménages ayant participé au projet, les
chercheurs ont pu observer des différences très importantes au niveau
des pratiques de consommation (comme l'extinction des lumières ou la
plus grande utilisation d'ampoules basse consommation).
Ils ont également constaté des différences de consommation,
significatives, selon la présence ou l'absence d'information. En effet,
sur la période d'observation, la consommation électrique des groupes
équipés de TIC s'est révélée 23% moins élevée par rapport
au niveau initial de consommation électrique. Autre constat : même au
sein des groupes équipés, il apparaît que le groupe ayant reçu une
information plus fine a moins consommé que l'autre, ce qui tend à
montrer que l'apport d'information est d'autant plus
percutant que cette information est fine et perçue comme non intrusive.
Ces résultats prometteurs, obtenus pour la première fois en France,
pourront être dupliqués dans d'autres contextes afin de consolider et
valider ce type de démarche à l'échelle nationale. La dernière étape du
projet TicElec fut la conception d'un ouvrage,
Au fil de l'électricité (Les Editions du Ricochet, 2014) qui a
mobilisé enseignants et élèves des classes élémentaires pour expliquer
la consommation électrique aux plus jeunes et construire ensemble un
outil pédagogique de sensibilisation. Ce projet
original initié par le CNRS est soutenu dans le cadre d'un accord-cadre
entre l'État, l'ADEME, la région PACA et le conseil général des Alpes
Maritimes.
- PS : De la même façon, on pourrait mieux contrôler notre consommaton de carburant en établissant un lien avec notre façon de conduire nos voitures. Les conducteurs de véhicules qui possédent la fonction "régulateur de vitesse" ont cette possibilité comme ceux qui peuvent voir sur leur tableau de bord quelle est la consommation réelle instantanée...