Énergie : les partisans du nucléaire

et les contres restent sur leurs positions...

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Bataille de chiffres sur le dossier de l’EPR. Les 8 milliards € du projet (trois fois plus que le budget primitif) ne dérangent pas les partisans du nucléaire. Pour eux, ces dépassements sont anecdotiques et seront compensés par les recettes qu’ils annoncent mirobolantes. Pas un mot sur les coûts à long terme qu’engendreront les opérations de démantèlement d’ici 40 ou 50 ans (à la charge de nos enfants et petits enfants), ni sur les risques liés à l’exploitation de cette énergie (accidents provoqués par un tremblement de terre, une défaillance humaine ou technologique, un attentat...).

Bien sûr, les contres jouent sur cette volontaire sous-évaluation destinée à rassurer le public et aussi les politiques sensibles aux arguments du lobby pro-nucléaire. Pour ces derniers, c’est une solution de facilité, le moyen de résoudre à court terme la problématique de l’énergie pas chère (quoique pas si bon marché que ça si l’on met bout à bout les factures passées, présentes et futures). Une façon aussi de s’exonérer d’investir, comme l’Allemagne par exemple le fait, dans les énergies alternatives. S’il n’est sans doute pas envisageable dans notre pays, le plus nucléarisé au monde, d’arrêter les usines de production du jour au lendemain, on peut considérer, principe de précaution oblige, un désengagement progressif. En commençant par ne pas prolonger la durée de vie programmée des centrales existantes, en mettant en place une politique d’économie d’énergie drastique (on disait avant anti-gaspi) ce qui va, il faut le dire, à l’encontre de la politique commerciale d’EDF. Elle n’est pas là pour faire du sentiment, elle fonctionne comme n’importe quelle entreprise, pour faire du chiffre, équilibrer ses comptes et faire du bénéfice.

 Comme le faisait remarquer ces jours-ci l’UFC-Que Choisir, la France avait misé sur le tout électricité (à 75% d’origine nucléaire) comme elle avait choisi de délaisser le chemin de fer au profit du tout routier.  À ce propos, le commentaire d’un des patrons d’UDF suite à un hiver particulièrement doux, était sans équivoque. Ce dernier se plaignait de la baisse de recettes engendrée par la météo... Ce tout électrique avait été orchestré par une campagne de communication très persuasive (il y a des professionnels qui sont très forts, capables de vendre des congélateurs à des Inuits). Quelques 8 millions de Français y avaient répondu favorablement et s’étaient équipés, notamment de radiateurs « grille-pain », dévoreurs de kilowatts dans des habitations bien... mal isolées. C’est qu’il fallait à tout prix que cette demande artificielle utilise la surproduction d’électricité produite par les 58 réacteurs de notre parc nucléaire. Avec le recul, cette gabegie a entrainé une surconsommation et avec l’augmentation de la population, on se retrouve maintenant avec des problèmes d’approvisionnement. Pour y faire face des coupures de courant, des délestages d’urgence sont désormais à envisager. On en est à demander à des administrations, aux entreprises et aux particuliers d’éteindre les lumières lorsqu’on n’est pas dans la pièce... (petite phrase entendue par tous ceux qui ont vécu en Europe l’après guerre). Des mesures d’économies qui bien sûr ne sont pas en elles-mêmes une mauvaise chose : les trente glorieuses nous avaient habitués aux grandes illuminations... et à l’énergie peu chère et présumée inépuisable.

Pour finir avec une pirouette, la suggestion de Jean-Jacques Beltramo (ci-dessous) nous paraît tout à fait cohérente sinon séduisante... Interpellera-t-elle le gouvernement Ayraut et la ministre de l’environnement et de...l’énergie qui s’appelle ? Au fait, elle s’appelle comment la ministre : « Discrétion » ?