L'Athéisme pour les Nuls : Une réflexion sur l’Infini, la Nature et les Hommes.

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Catégorie Les paradoxales

Ou tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur l’athéisme sans jamais oser le demander...

Notre titre et son sous-titre, volontiers racoleurs, ne reflètent pas vraiment la forme et le ton qu’a choisi Bruno Munier pour parler de choses sérieuses. Très bien écrit, clair, cet essai est néanmoins ardu, surtout la partie centrale qui résume les grandes théories scientifiques en rapport avec le sujet : Relativité, physique Quantique, théorie des Cordes et des Bulles, qui nous amènent toutes aux portes de l’infini, élément essentiel de réflexion. Oui, il y a eu un Big-Bang, mais avant ? Un Big-Crunch, un Big-Rip ?

Parler des « Perspectives athéistes de l’Univers » n’est pas à fortiori un sujet particulièrement porteur. Qui veut entendre parler d’un monde sans Dieu, sans finalité ? Même les agnostiques, prudents et opportunistes se réservent le droit de rejoindre le clan des déistes… Devant les incertitudes du présent et les perspectives d’une félicité terrestre qui s’éloignent, le plus facile n’est-il pas de rallier le clan de ceux qui croient ? Qui ne croit pas aux paradis, à la résurrection des corps, aux 100 000 vierges qui les récompenseront d’un sacrifice pas tout à fait désintéressé… ? Il est facile de faire l’expérience autour de nous. À la question « croyez-vous en Dieu ? », on récoltera le plus souvent un oui, généralement timide, un sourire gêné, voire un haussement d’épaule impuissant comme si ce sujet ne valait pas la peine d’être évoqué.

Paradoxalement, qui ne s’est pas posé, au cours de sa vie, riche ou pauvre, jeune ou vieux, des questions existentielles. Dans le style : qu’est ce que je fous là ? Quelle est ma place dans ce monde ? Je sers à quoi ? Mais, le plus souvent la quête spirituelle s’arrête là où commence la ronde des responsabilités et l’insécurité qui en résulte. Les études, la vie sentimentale puis familiale, les activités professionnelles déroulent leur train-train. Boulot, métro, dodo… ne font rien pour enrichir la réflexion. Fatigué, nous avons besoin de dérivatifs et mère Télé nous gâte pour mieux nous endormir. Entre les actualités démoralisantes, entre les Experts à Miami et Desperates house wives, on se distrait. En cas de trop plein d’énergie, on assistera alors à un match de foot, une bonne vieille corrida, un combat de catch… Pas le temps de penser, pas le temps d’être acteur, seulement spectateur ! Pourtant des idées on en a, qui finissent devant le comptoir de nos nuits blanches ou face à son ordinateur, en quête encore et encore de distraction. On ne pense pas, on s’étanche.

Le livre de Bruno Munier a le double privilège d’aborder courageusement un dossier sensible et de donner des arguments aux sceptiques. Nous ne sommes sans doute pas seule vie à peupler le Cosmos, mais sur notre Terre, nous sommes seuls et seuls responsables du futur de l’espèce à laquelle nous appartenons : l’humanité. Placés au bout d’une longue chaîne… alimentaire, nous avons la prérogative de pouvoir parler, élaborer des concepts et, comme s’il nous fallait compenser nos infériorités physiques patentes, créer des membres que nous n’avons pas, démultiplier nos capacités pour puiser dans notre environnement les éléments susceptibles de nous faire vivre plus longtemps, plus confortablement surtout.

Intimement convaincu que l’évolution de la vie, que notre présence sur cette terre est « le fruit du hasard et de la nécessité » et non pas déterminée par un présumé créateur, l’athéisme de Bruno Munier ne débouche pas sur une désespérance existentielle. Au contraire, l’auteur y voit une source d’espoir, la seule sans doute qui puisse nous sauver. Seuls, nous n’avons pas de solutions… miracles à attendre.

« Débarrassés des Dieux », nous sommes seuls responsables de nos lendemains dans un monde où « le vivant se décline au pluriel ». Il nous faut donc nous entendre avec nos colocataires qui, sur un même substrat, partagent un ADN voisin. De leur espérance de vie dépend la notre, une vérité que nous avons zappée car elle dérangeait la notion d’une nature uniquement créée à notre service. Des chercheurs émettent l’hypothèse que la population mondiale était d’environ 500 000 personnes en l’an 1500… Cela parait à peine croyable. À l’heure où le progrès de la médecine et malgré les guerres qui ont freiné notre développement, nous en sommes à 6 milliards d’individus. Il est clair que l’optimisme béat, la politique de l’autruche, et une natalité encouragée aussi bien par les religieux que par les gouvernants, nous conduisent dans un cul de sac. Dans un monde fini, le notre, le « risque global » existe, celui de notre disparition prématurée. L’univers n’a que faire de nos soucis et de nos états… d’âme. Comble de l’humilité, certains pince-sans-rire, avancent l’idée que ce qui pourrait arriver de mieux à la planète Terre, c’est notre disparition. La vie, elle, continuerait sous d’autres formes, jusqu’à l’extinction des feux… dans quelques millions d’années. Au regard de l’éternité, nous ne sommes en effet et de toute façon qu’une anecdote !

Pour Bruno Munier, « le monde désenchanté, c'est-à-dire libéré des folies et des chimères » (les croyances et les dogmes), « peut en réalité dévoiler plus de beauté, comblant ainsi nos cœurs ». Amen !

  • perspectives athéistes de l’Univers – de Bruno Munier – éditions du Cygne – Paris 2011 –
  • du même auteur : La Chine face à la paix et la sécurité internationale, publié par le Centre de recherche sur l’Asie, Canada, 1991 – Révolution libérale et gouvernance mondiale aux éditions Fasal, Nice, 2005 – Idéologies, religions et libertés individuelles, à l’Harmattan, Paris, 2008 –

Alain Dartigues