Nice : le devoir de mémoire des Pieds-Noirs et des Harkis

envers leur pays perdu...

Catégorie Les paradoxales

Alors que le président de la République française, Nicolas Sarkozy, renonçait à inviter l’armée algérienne pour le Défilé du 14 juillet, pour cause… d’échéance électorale, les Pieds-Noirs et les Harkis, s’étaient réunis pour ce deuxième rendez-vous « Au soleil des deux rives », ces 4 et 5 juin, dans les jardins des Arènes de Cimiez.

  • autour de Christian Estrosi, député-maire de Nice, Renaud Bachy, Président de la Mission Interministérielle aux Rapatriés, le Père Maximilien Scotto, Maurice Niddam, Président du Consistoire Israélite de Nice et Région, Robert Castel, les députés Lionnel Luca et Rudy Salles ainsi que les représentants de nombreuses associations locales et nationales de Rapatriés et Harkis.

Histoire d’être ensemble, de rire et de pleurer à l’évocation de leur déracinement, histoire de donner la force à leur descendance de ne pas oublier ce qu’ils avaient construit et défendu. Histoire de ne pas laisser le soin à des politiques et des historiens aux ordres de réviser à leur façon l’Histoire, la vraie où les bons n’étaient pas toujours bons, les mauvais pas toujours mauvais, quel que soit le côté où l’on se trouvait. Un temps où les colons n’étaient pas tous riches et certainement pas des esclavagistes, où des milliers de pieds noirs vivaient modestement, ceux-là mêmes qui furent rapatriés en catastrophe et souvent dans des conditions indécentes, une petite valise pour tout bagage. Ceux-là ont facilement la larme à l’œil à l’évocation de ce passé, des amis et des parents perdus, de leurs tombes oubliées… Frustration aussi de voir les pays abandonnés aux mains de despotes, de dictatures violentes qui n’ont pas su donner à leurs populations la prospérité et la liberté qu’elles étaient en droit d’espérer. La réponse posée à Kofi Yamgnane, Togolais d’origine, lors d’un débat à la télévision française est édifiante et pourrait s'appliquer à d'autres pays. Il estimait que depuis l’indépendance du Togo, il y a une cinquantaine d’années, les dirigeants n’avaient rien fait de bon et que plusieurs anciens n’avaient pas peur d’avouer : c’était mieux du temps des Blancs !

Nous n’en dirons pas plus, nous qui avons reçu les Pieds noirs sur la Côte d’Azur, peut-être d’abord avec un peu de méfiance de la part des adultes mais les enfants que nous étions, les avaient adoptés sans problème.

Le rouleau compresseur du temps fait son œuvre, inexorablement. Raison de plus pour cette manifestation d’exister comme le fut la commémoration du 25ème anniversaire, avec des dizaines de milliers de Rapatriés du monde entier rassemblés sur la place Masséna pour une messe solennelle… Nécessaire aussi la bibliothèque du Centre de Documentation Historique sur l’Algérie, inaugurée l’année dernière, comme sont nécessaires les Maisons des Rapatriés, présentes dans les villes du littoral azuréen. Nécessaire toujours la présence des Pieds noirs, des Harkis ou un de leurs enfants, sur les listes des candidats se présentant aux élections municipales, pour mieux se défendre des négativismes, des récupérations politiques non fondées… Pour continuer à rester fier, pour refuser de rougir pour des crimes non commis ou pour des actes de guerre, pour arrêter de se battre la coulpe… pour cesser d’être montré du doigt par des historiens révisionnistes aujourd’hui et pire demain.

Le député-maire de Nice, Christian Estrosi, a parlé d’organiser un grand colloque l’hiver prochain, consacré à l’œuvre des colons « là-bas » tandis qu’une exposition intitulée « French Lines : mémoire maritime du Rapatriement » montrera ce que fut la très dure réalité de cet exode.

Qu’on se le dise et qu’on le dise !

A.D.