Natation : la France a nouveau riche en nageurs et nageuses

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Catégorie Pieds dans le plat

et surtout en sprinters…


- Alain Gottvallés - Deauville - 1965 -

Malgré les résultats obtenus dans le passé par quelques individualités de talents comme Jean Taris, Alex Jany, Alain Gottvallés, Michel Rousseau, Stéphane Caron…, la France ne comptait pas parmi les nations fortes. Rares en effet furent les médailles d’or à mettre au compteur. Un des seuls médaillés français vient d’ailleurs de disparaître, Jean Boiteux, vainqueur du 400 mètres crawl en 1952 à Helsinki.

Puis Laure est arrivée avec son cheval blanc, le musculeux Philippe Lucas… Laure Manaudou, seule capable de nous faire oublier l’indigence patente de médaillés français aux Jeux Olympiques, Graal de la discipline. Laure Manaudou, seule capable de faire oublier la modeste médaille d’argent, en dos, de Christine Caron (en 1960, à Tokyo), totalement disproportionnée avec la couverture médiatique dont elle bénéficia. Laure a sans nul doute, dynamisé et dynamité la natation française qui relève la tête avec la naissance d’une génération de sprinters amenée par le… colossal Alain Bernard. Avec lui : Fabien Gilot, William Meynard, Boris Steimetz, Frédérick Bousquet, Amaury Leveaux, Yannick Agnel, Grégory Mallet, des géants capables de nager sous le 50 secondes aux 100 mètres crawl, l’épreuve reine de la natation… Et sans combinaison, s’il vous plait ! D’excellentes performances qui placent cette fois les Français dans le peloton de tête.

Les derniers Championnats de France qui viennent d’avoir lieu à Saint Raphaël, ont confirmé cette bonne santé. Au point de jeter un trouble sur la façon dont les sélections pour les prochains Championnats d’Europe ont été édictées. « Abondance de biens ne nuit pas ! » C’est ce qu’on croyait. Pourquoi des sélections si dures pour des championnats qui ne sont ni olympiques, ni mondiaux, pour des championnats de proximité en somme qui entraînent des frais relativement moindres par rapport aux autres manifestations citées ? Pourquoi priver des athlètes de l’opportunité d’une telle confrontation et d’épreuves, à priori riches en enseignements et capables de renforcer la dynamique de groupe ?

Le Directeur technique national, Christian Donzé assume. Lui qui a fait ses classes au sport études d’Antibes dans les années 80 et remporté un titre de Champion de France sur le 200 mètres papillon, comme pour annoncer la venue de Franck Esposito, a prescrit des conditions draconiennes pour pouvoir participer au voyage à Budapest, en août prochain. Il fallait réussir le matin, en série, des premiers temps qualificatifs, les améliorer en demi-finales et terminer, quelles que soient les performances précédentes, dans les 4 premiers de la finale. Une règle qui aura eu par exemple comme conséquence de priver le Niçois Yannick Agnel, auteur du seul record de France de ces Championnats (sur 200 m nage libre ) et le Marseillais Fabien Gilot, vainqueur aux 100 mètres crawl devant Alain Bernard, de disputer leur épreuve favorite.

Débarrassée de ses fastidieuses combinaisons mais pas de ses arrangements, la natation française est-elle devenue subitement trop riche ? Attendons de voir la réponse du… reste du monde. Elle ne devrait pas tarder !