Élections régionales : les abstentionnistes seront-ils les grands vainqueurs

au soir du deuxième tour ?

Catégorie Pieds dans le plat

Beaucoup d’observateurs le pensent et la photo montrant hier le peu de partis politiques soucieux d’occuper leur place sur les panneaux électoraux d’une des communes du littoral azuréen les plus denses de son département, est une indication qui en vaut bien d’autres…

La perspective d’un scrutin où il faut passer deux dimanches de suite dans l’isoloir pour une élection à la proportionnelle, ne semble pas être la tasse de thé de nombre de nos concitoyens. Surtout lorsque la plus grande partie des personnes parmi lesquelles il faut choisir leur est totalement inconnue. Il ne reste plus qu’à voter les yeux fermer pour un parti et ce n’est pas forcément porteur par les temps qui courent. Exemple s’il en fallait, le peu d’empressement à exhiber le fanion de son parti lors des messes électorales et des professions d foi…

Élection après élection, force de constater : les Français ne votent en masse que pour les présidentielles et les municipales. Là, on peut mettre un nom sur un visage. Les cantonales sont souvent boudées lorsqu’elles ne sont pas associées à des municipales. En ce qui concerne les européennes et les régionales, la participation est bien maigre. Ne parlons même pas des partielles. Là, c’est un échec total.

Mais cette désaffection de l’électorat n’inquiète qu’à moitié les candidats car, même si le parti des abstentionnistes est parfois le plus fort, seul le résultat compte. Qu’importe alors s’il n’y a qu’une seule voix entre un candidat et un autre, qu’importe si l’élu ne l’est qu’avec un tiers ou un quart des électeurs. Il s’en moque bien dans la mesure où ils lui ont donné la légitimité nécessaire pour prendre des décisions.

On peut se poser la question. Si seules les présidentielles et les municipales sont capables d’intéresser et de captiver les électeurs, pourquoi ne pas organiser les autres sur les mêmes bases qui prévalent pour les sénatoriales ou les intercommunalités ? Seconde question, qui revint sans cesse : a-t-on besoin d’autant d’institutions en France ? Les élus, pour la plupart des véritables professionnels, ne sont bien évidemment pas chauds pour en réduire le nombre. Les sites sur le Web qui attirent l’attention des internautes sur les avantages des députés aux Assemblée nationale et européenne foisonnent. Ils dénoncent des niches fiscales, leurs régimes particuliers de retraite… Et sur ces points, tous les élus votent dans la même direction, celle dictée par leurs intérêts. On ne va pas leur demander quand même de se tirer une balle dans la jambe !

Pour revenir à la région, PACA sûrement pour la dernière fois puisqu’on veut lui changer son nom au moment même où on commençait à s’y habituer, Michel Vauzelle trace… droit. Tout le monde, dans une région qui choisit ses députés très majoritairement à droite, le voit gagnant. Il n’hésite pas à dire haut et fort que « ses clients » sont Jean-Claude Gaudin à Marseille, Christian Estrosi à Nice, Hubert Falco à Toulon, Maryse Joissains à Aix, Marie-José Roig à Avignon, Bernard Brochand à Cannes… élus qu’il a arrosé au bon moment à coup de subventions. Bon communicateur, il a su convaincre aussi les électeurs qui, d’après un récent sondage, lui feraient confiance à 65 %…

Qu’on le veuille ou non, que ça plaise ou non, les voix des Ecolos à gauche et celles du FN à droite, feront au second tour la différence. Chacun revenant tour à ses amours, donnera avec ses 10 % obtenu, une majorité à la région et à Vauzelle si l’on en croit la presse.

Sur la Côte d’Azur, l’opération main propre menée par la justice a fait des dégâts. Certains majors à l’est des Alpes-Maritimes se sont trouvés sous le feu des médias et y ont perdu quelques parcelles de crédibilité. Le sénateur maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat, René Vestri, habitué à passer entre les gouttes et surtout Gérard Spinelli, le maire de la petite commune de Beausoleil, 12 700 habitants. Après son incarcération et sans doute parce qu’il n’a plus rien à perdre, il ne craint pas de s’en prendre à l’homme fort de son département : Christian Estrosi. Il le rend responsable de sa situation et de son incarcération. D’après lui, c’est un règlement de compte qui trouve ses origines dans son refus de rejoindre la communauté urbaine chère au ministre et qui réunit déjà une grosse moitié de la population des Alpes-Maritimes. Un scénario bien entendu démenti par l’avocat de l’intéressé, Me Gérard Beaudoux, qui juge ses déclarations dérisoires… Pourtant, ce ne serait pas la première fois dans notre pays que le politique fait pression sur la justice…

En attendant le gong, c’est au Salon de l’Agriculture que Dominique Villepin faisait campagne. Quelle campagne ? Puisqu’il n’était pas sur une liste aux régionales, ce devait être pour une autre…

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr - mars 2010 - magazine fondé il y a cinquante ans…
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