La grève des « portiqueurs » de Marseille

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fait réagir les Unions patronales des Bouches du Rhône et des Alpes Maritimes.

Il faut savoir que les grutiers-portiqueurs font un métier à responsabilités qui exige des qualités spécifiques et du sang froid. Ce sont eux qui conduisent les portiques portuaires. Perchés le plus souvent à des hauteurs impressionnantes, pas loin de 45 mètres, ils ont la délicate tâche de charger et décharger les navires venant du monde entier. Des millions de tonnes de marchandises les plus diverses passent par leurs mains.

Il faut savoir aussi que leur rémunération moyenne est de 4 000 € bruts par mois, pour 18 h de travail hebdomadaire, avec 8 semaines de congés payés et que leur emploi est garanti à vie. Cela pourrait faire rêver plus d’un Smicard. Apparemment, cela ne semble pas assez et ils prétendent maintenant à passer à 12 h de travail hebdomadaire, réclament des primes supplémentaires mensuelles de 450 € et un départ à la retraite à 55 ans. À l’heure où se votent les lois sur l’allongement du départ à la retraite et des trimestres de cotisation, à l’heure où l’immense majorité des travailleurs et des travailleuses travaillent 35 heures par semaine, leurs revendications semblent peu raisonnables et irréalistes.

Les Unions patronales des Bouches du Rhône et des Alpes Maritimes s’en émeuvent. Elles ne sont sûrement pas les dernières à le faire. L’entité marseillaise met en exergue le fait que les 36 portiqueurs CGT, bloquent les navires en rade depuis des semaines, menaçant ainsi plus de 41000 salariés dont l'emploi dépend du Port de Marseille. Les conséquences sont évidement très lourdes pour de nombreuses TPE /PME locales. De plus, pour ce seul week-end, 11 000 croisiéristes n'ont pas pu débarquer, ce qui peut se chiffrer par une perte de 1 million € pour les commerçants marseillais.

Le Président de l’UPE 06, qui fédère le MEDEF 06 et la CGPME 06, Yvon Grosso, se demande de son côté comment dans ces conditions on peut gagner la bataille de l’économie à l’échelle mondiale. Il s’inquiète des conséquences de cette grève qui bloque l’approvisionnement des quatre raffineries de la zone de Marseille assurant le tiers du raffinage français : « Alors que les indicateurs de l’économie azuréenne sur le premier semestre 2010 confirment une tendance à la reprise, et notamment pour le secteur des industries grassoises, un durcissement de ce conflit social risque de compromettre cette reprise, dont notre département a tant besoin. »

L’Europe nous regarde, étonnée à demi (nous n’en sommes pas à notre coup d’essai), tandis que les concurrents de nos entreprises industrielles se frottent les mains…

A.D.

PS : un fidèle lecteur du Var, n’a pas tardé à réagir à notre article. Pour lui, le port de Marseille est déjà mort. Il ne reste plus que le terminal pétrolier qui survit à cause du pipeline qui part sur l'Allemagne. Il se désespère de la perte de la Coupe America qui a choisi la ville de Valence devenue magnifique. Entièrement modernisée, elle possède maintenant son Grand prix de F1 alors que la France a perdu le sien… « Pôvre pays ! » comme dirait un Marseillais. Et notre lecteur de conclure avec un zeste de détachement sur une citation d’Anatole France « Le plus farouche orgueil naît surtout d'une impuissance. » Acceptons-en l'augure.