La Défense : au nom du père et du fils.

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Catégorie Pieds dans le plat

Sarkozy, une fois de plus, nous Épad.

Pour diriger l'Établissement public d'aménagement de La Défense, l’EPAD, institution considérée dans le monde des affaires comme une des plus importantes d’Europe, et dont il fut lui-même président entre avril 2005 et janvier 2007, Nicolas Sarkozy a cru bon d’y installer à la présidence son fils Jean, 23 ans, un BAC à rallonge et les dents qui raclent le parquet. Cette situation croquignolesque fait le bonheur des journalistes et des internautes. C’est aussi du pain béni pour les opposants au gouvernement. Laurent Fabius, Marine Le Pen, Ségolène Royal ou François Bayrou s’engouffrent dans la brèche béante, ravis de trouver une occasion de plus pour tourner en dérision les discours du chef de l’État sur l’emploi des jeunes, leurs cursus… Il leur est si facile de ressortir les déclarations du candidat Sarkozy et ses promesses d’un pays plus juste où l’on jugerait les gens au mérite. Beaucoup d’UMP, coincés, se trouvent dans la quasi obligation de prendre la Défense du père et donc du fils. Ils le font avec plus ou moins de conviction et de bonheur sinon d’honneur. On les sent comme gênés aux entournures… à l’étroit dans leurs habits de… Cour.

Que cet enfant issu d’une nouvelle dynastie, soit doué, cela ne fait aucun doute. Jean… le Jeune a coupé ses cheveux très courts et ajouté à son visage galbe, des lunettes. Est-ce suffisant pour calmer l’ire du bon peuple et de courtisans irrités de s’être fait brûler la politesse ? Ce n’est pas sûr. La sagesse voudrait sans doute que le père recommande au fils de prendre patience et de changer ses plans immédiats. Mais, connaissant le père, on peut supposer que le fils réagisse comme lui et ne soit pas capable d’admettre ses fourvoiements. Rares sont ceux qui, comme Barak Obama, acceptent publiquement de faire leur mea-culpa : une question de culture autant que de personnalité.

La dynastie Sarközy de Nagy-Bocsa remplacera-t-elle celles quasiment éteintes des Bush ou des Kennedy, des Capétiens ou des Bourbons ? Après Jean le Jeune et Pierre le Discret, les espoirs sont aussi portés par Louis le Tout Jeune, un prénom qui annonce, rien qu’à le prononcer, un règne éclairé. N’oublions pas Guillaume, le frère aîné de Nicolas. Chef d’entreprise dans le textile, il fut vice-président du MEDEF de 2000 à 2006. Il s’en fallut d’un rien d’ailleurs qu’il pose sa candidature à la présidence de cette autre vénérable institution. Il y a fort à parier que son cadet le lui déconseilla. Cela aurait pu faire désordre dans la perspective de sa propre candidature… à la présidence de la République.

À Cannes et à Antibes, parler du quartier de la Défense, c’est évoquer des souvenirs liés aux hommes politiques de l’époque, Michel Mouillot à Cannes, Pierre Merli à Antibes, tous les deux maires et tous les deux en affaire avec Christian Pellerin, promoteur historique de cette vitrine du savoir faire et du savoir vendre à la française. Michel Mouillot eut quelques velléités de développer avec lui une zone d’affaires de plusieurs milliers de mètres carrés de bureaux dans la vallée de la Siagne (par définition zone inondable), à cheval sur les communes de Pégomas et de Mandelieu. Avec le beau-fils de C. Pellerin, promoteur immobilier qui fit fortune avec la venue des premiers émirs du Proche-Orient, Claude Muller, il eut aussi quelques idées d’aménagements grandioses et touristiques sur l’île Sainte Marguerite (hôtel de luxe, hélistation…), plus particulièrement sur le domaine de ce dernier, seule résidence privée de l’île.

Pour Pierre Merli, le maire d’Antibes, homme politique de droite mais très proche de François Mitterrand, c’est de privilèges accordés à ce même Christian Pellerin dont il fut question ; d’une villa sur mesure, il faudrait dire démesure, qui devait, a-t-on dit sans jamais le prouver, accueillir le chef d’État à la retraite. Réalisée dans l’irrespect total des lois de l’urbanisme, avec la complicité du maire et d’au moins un responsable des services départementaux de l’Équipement, cette construction battit tous les records d’infraction aux règles de l'urbanisme. Tous les acteurs de ces errements finirent par être rattrapés par la justice, ce qui n’est pas un mauvais signe dans un État de droit.

Reste que le quartier de la Défense fait toujours fantasmer et pas simplement les architectes !