Derrière les urnes : des pratiques électorales

qui laissent certains électeurs « babas »…

Tout le monde comprendra, sans trop se formaliser, que dans le cas d’une fusion de liste entre deux tours d’une municipale, il faut y mettre du sien. Chaque partie devant mettre de l’eau dans son vin, pour faire un tout… encore buvable. Plus facile à dire qu’à faire surtout lorsque la campagne a été dure et que les échanges de civilités ont donné lieu à des dérapages…verbaux, voire physiques. Plus facile à dire qu’à faire quand, au dernier moment, l’accord prêt à être finalisé, est dénoncé. Tout le landerneau cannois a en mémoire les péripéties qui se sont déroulées en mars dernier, entre les principaux candidats, Jean Martinez, Bernard Brochand, Philippe Tabarot… Lire ici notre article sur le sujet.

D’autres pratiques sont moins connues et paraîtront surprenantes pour le profane. Ainsi la signature en blanc d’une démission exigée par certaines têtes de liste, de façon à s’assurer de la fidélité à toute épreuve de leurs colistiers ou d’un suppléant… ou suppléante, en mal d’indépendance.

La dernière histoire est arrivée à un notable d’une ville du littoral, voisine des Alpes-Maritimes. Celui-ci, candidat supposé à des élections municipales, fut abordé par le maire sortant, qui voyant en lui un concurrent qu’il serait bon d’évincer, lui proposa un marché : « tu ne te présentes pas et je te donne la place d’adjoint aux Finances ». Séduit par un poste où il compte bien montrer ce dont il est capable, le notable en question accepte. A priori un excellent calcul car il est loin d’être sûr de gagner et il économise le coût, en temps, en énergie et en argent, d’une campagne électorale… qui s’annonçait tendue.

Devant s’absenter pour raison de famille, il part, confiant en la parole donnée, pour découvrir, à son retour, qu’il ne fait pas partie de la liste du maire. Impossible en si peu de temps, de constituer une liste et de partir en campagne. Le voilà, du coup, éliminé avant de s’être battu. Les promesses, en périodes électorales, n’ont pas, semble-t-il, le même… prix, et ce n’est pas Monsieur Pasqua qui dira le contraire.

Racontant les mésaventures de notre ami, un initié nous confiait que le cas était loin d’être unique. Dans notre cher département, à l’extrême ouest (correction : il fallait lire, sud-est) de notre non moins cher hexagone, un candidat avait négocié une place d’adjoint sur une liste susceptible de gagner. Ne voyant rien venir, il avisa le prétendant à la charge locale qu’il était prêt à faire sa propre liste si rien n’avançait… Là encore, on le rassura : « comment pourrait-on se passer de toi, toi dont le poids dans la ville est si manifeste et dont l’expérience en tant que chef d’entreprise, en tant que président d’association sportive, et patati et patata… ». Lui aussi, au dernier moment, devait apprendre qu’en définitive, on n’avait pas pu faire autrement que de… l’écarter.

Les raisons invoquées ? Le refus des colistiers de le voir intégrer la liste ? Pas très sérieux lorsqu’on sait que, dans notre système, ce ne sont pas les conseillers municipaux qui élisent le maire – même si le rituel nous fait croire le contraire – mais bien la tête qui compose sa liste. Quant au choix d’un suppléant pour les cantonales ou la députation, c’est un savant calcul, un exercice d’équilibriste, qui permet, ou ne permet pas, de contenter d’autres forces en présence… avec des conséquences parfois désastreuses. Ainsi, Bernard Brochand, en négligeant de choisir comme suppléant aux dernières législatives, une personnalité mandelocienne issue de l’équipe d’Henri Leroy, a renforcé les différents qui commençaient à apparaître entre ces deux édiles.

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – avril 2008 -
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