Cannes : avec tout juste le Bac en poche…

comment Michel Rolland s’est retrouvé un jour haut fonctionnaire des Nations Unies à Genève…


A l’heure où la retraite sonne, Michel Rolland termine un parcours professionnel exceptionnel surtout si l’on tient compte d’un départ laborieux. Un rien rebelle, le jeune cannois dont les parents tenaient rue Meynadier « La Maison des Raviolis », ne réussit à passer son baccalauréat qu’avec la force de persuasion de son père… Pas vraiment convaincu qu’il y avait un avenir pour lui dans l’entreprise familiale, il décide de s’expatrier : l’Australie ou le Canada. Ce sont les autorités canadiennes qui répondront les premières.


Avec le simple statut d’ « immigrant reçu », le voilà qui débarque à Montréal où il doit pour survivre faire son lot de petits boulots comme décrasser des cafétérias, vendre des encyclopédies, nettoyer des turbines de barrages dans de l’eau à 4 degrés… ou pire, ramasser du tabac sur les bords du lac Erié : le bagne. Il comprend vite qu’on ne l’attendait pas et qu’il faut pour grimper l’échelle sociale, travailler plus, apprendre plus.

Il s’inscrit à l’université, étudie le soir, jusqu’à se retrouver avec un doctorat spécialisé en gestion des Ressources Humaines. Entre temps, il enseigne le français à des fonctionnaires anglophones, monte une société de conseil en gestion, donne des cours à l’Université d’Ottawa et à l’Université du Québec… et prend même le temps de passer un monitorat de plongée avec bouteille.

De concours en concours et de promotion en promotion, il passe par divers ministères et par la Chambre des Communes. Fin 1983, il devient Gestionnaire général des Ressources humaines au Conseil National de la Recherche du Canada. Il entre ensuite à l’UNICEF. Stationné à Abidjan en Côte d’Ivoire, il sillonne toute l’Afrique et effectue aussi des missions et des enquêtes salariales dans de nombreux autres pays, en Asie et en Europe. Des activités officielles mais qui ne sont pas toujours sans risques. Il se fait tirer dessus au Tchad, en Angola et au Burkina Faso et se fait des frayeurs dans des « coucous » en bien mauvais état…

Des raisons qui lui feront accepter un poste à Genève, au Haut Commissariat pour les réfugiés. Il y installe sa famille et commence à envisager l’avenir plus calmement. Mais les aléas de sa profession le feront encore voyager dans des pays « sensibles ». La Somalie, le Soudan, l’Ethiopie, l’Erythrée sont parmi ceux-là. Last but not least, il est encore pris pour cible lors de l’évacuation de la Somalie en 1991. Rapatrié, il cherche et trouve un poste plus sédentaire à l’Union Internationale des Télécommunications, toujours à Genève. C’est là qu’il atteindra le plus haut grade dans la Fonction publique internationale.

Tout juste à la retraite, il se retrouve, « à l’insu de son plein gré » conseiller municipal du village dans lequel il réside. Michel Rolland a gardé des attaches à Cannes, au Cannet et à Mougins où ses parents ont fini leur vie. Lorsqu’il revient sur la Côte, il fait le tour des « survivants », l’un est dentiste, l’autre expert-comptable, un autre est rhumatologue, un autre encore, chef d’entreprise prospère, possède un vignoble remarquable dans le Var…

Les souvenirs remontent alors à la surface : l’un se souvient de vacances d’hiver à la colonie de la ville de Cannes au Seignus d’Allos, l’autre évoque des traversées épiques vers les îles comme scout marin, des compétitions de judo avec l’équipe de Roméo Degioanini, des championnats d’haltérophilie… Tout ce petit monde qui avait grandi ensemble se retrouvait alors sans malice autour d’un café, aux Trois Chopes ou au Noailles… mangeait une pizza sur le vieux port ou un plat vietnamien dans un petit restaurant de la rue Hoche, le Shanghai…

Quarante cinq ans après, la rue d’Antibes et ses enseignes ont bien changé, les lieux de convivialité ont diminué comme peau de chagrin, on a rajouté du sable sur les plages de la Croisette, les maires se sont succédés…

  • Michel Rolland, ses filles Elisabeth et Catherine et le Premier ministre canadien Pierre Eliot Trudeau, en 1984. Pour la petite histoire, une photo a fait le tour du Canada, on voyait Catherine, cinq ans, faire tomber le Premier ministre… sur le tatami.