France : la corruption des politiques

Une majorité de Français doutent de l'intégrité de leurs élus.

C'est bien triste mais compréhensible. Les médias – encore eux – mettent en avant les scandales davantage que les réussites et le travail que fournissent souvent avec peu de moyens et peu d'indemnités, la plupart des élus. Il y a 36 000 communes en France, dont 36 000 maires et un nombre impressionnant de conseillers municipaux. Quand ça marche, ça n'intéresse personne ! Les élus font leur boulot, normalement, sans chichi ni tralala. Ils s'emploient à résoudre au quotidien les conflits de proximité, à prendre des décisions dans l'intérêt général. Mais quand l'un d'eux faute, il fait la une et contribue à discréditer la fonction.

Le Baromètre mondial sur la corruption, publié en décembre 2006 par Transparence Internationale, confirme ce jugement : pour une majorité de Français, leur classe politique demeure largement perméable à la corruption. A la veille de l'élection présidentielle, l'association a fait parvenir à tous les candidats un questionnaire. Elle leur a demandé leur avis sur des mesures propres à faire reculer les risques de corruption dans des domaines aussi variés que le financement des partis politiques, les mandats successifs, la lutte anti-blanchiment et les paradis fiscaux, les marchés publics les déclarations de patrimoine…

Il fallait s'y attendre, les réponses sont assez consensuelles. C'est le temps des promesses, des bonnes résolutions. C'est le temps électoral… Les candidats approuvent des propositions dont la formulation indique la réponse souhaitable et souhaitée. Ils sont tous d'accord – comment ne pas l'être – sur une place plus importante à accorder à l'éducation civique, à un meilleur contrôle des comptes de campagne et de ceux des partis politiques, au renforcement des moyens dans la lutte contre la corruption…

Fort heureusement, il existe entre eux quelques nuances et c'est ce qui retient notre attention. Sur la question des mandats successifs, Bayrou, Le Pen, Royal et Sarkozy se déclarent opposés à la proposition visant à instaurer une limitation de l’éligibilité pour la même fonction élective à deux mandats successifs. La majorité des candidats se déclare en revanche favorable à ce que soit porté à 10 ans le plafond de la peine complémentaire d’inéligibilité pour les élus condamnés pour faits de corruption, à l’exception de Madame Royal.

En ce qui concerne le secret défense, la majorité des candidats se déclare favorable à une réforme de la procédure du secret défense, à l’exception de Sarkozy qui n’estime pas cette réforme indispensable en l’état actuel. Quant à Bayrou, s’il acquiesce à une réforme du système, il est opposé à la proposition tendant à conférer un pouvoir de décision à la Commission Consultative du Secret de la Défense Nationale.

Pour Olivier Besancenot, les problèmes de corruption sont eux-mêmes la conséquence, ultime mais logique, de l’économie de marché, de la recherche du profit et de l’accaparement des richesses produites par une petite minorité … Logique !

Selon François Bayrou, le non-renouvellement d’un mandat au bout de deux mandats ne résoudra en rien les problèmes de corruption. Il ne va quand même s'auto pénaliser, lui, une bête politique qui en a fait depuis longtemps sa raison de vivre…

Prolixe dans ses réponses, Jean-Marie Le Pen se dit attaché au principe de la laïcité dans l'enseignement public. Les cours d'instruction civique ne doivent pas servir - affirme-t-il - comme c'est le cas aujourd'hui, de support à une quelconque propagande politique. Il en profite pour renvoyer dos à dos les socialistes bien en mal de donner des leçons avec l'affaire Graco-Urba ; idem pour le RPR, ses HLM et ses emplois fictifs de la ville de Paris…

Ségolène Royal ,dans son pacte présidentiel, proposait un mandat parlementaire unique afin de garantir la revitalisation du Parlement et la satisfaction de l’intérêt général. Elle persiste aussi dans son projet de mettre en place des jurys de citoyens afin de renforcer la transparence, l’écoute permanente et l’évaluation des politiques publiques.

Sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, Nicolas Sarkozy met les pieds dans le plat. Il demande que soit renforcer la transparence de la place financière d'Andorre. Il ajoute : "Il en va de même à Monaco, dans la continuité des efforts déjà réalisés, en lien avec la France, sur l'application aux activités bancaires du code monétaire et financier français et sur le respect de toutes les normes internationales de lutte contre le blanchiment. Je souhaite que cette collaboration se poursuive pour que des normes sur les flux financiers, équivalentes aux normes françaises, soient adoptée."

Beni-oui-oui, Besancenot et Voynet, ont répondu positivement à toutes les propositions. Ça ne mange pas de pain, pas plus que de signer le Pacte écologique de Nicolas Hulot. Aussitôt signé aussitôt oublié… Cela aussi fait partie des reproches que l'on peut faire aux politiques.

Mme Laguiller, MM. De Villiers,Bové, Nihous, Schivardi n'ont pas, eux, daigné répondre. Pas de risque ainsi de mal interpréter leurs réponses…

- mention : www.pariscotedazur.fr - mars 2007 -
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