Presse : Vous prendrez bien un petit gratuit !

Quand les petits jouent dans la cours des grands, ils finissent par prendre leur place...

Catégorie Les paradoxales

Quel est le produit d'utilisation courante que l'on paie moins cher que son coût fabrication ? Ne cherchez pas, ce sont les journaux, magazines, revues, hebdomadaires comme quotidiens, qui, à quelques exceptions près, ne vivent et ne prospèrent qu'avec la publicité. Et bien, avec l'irruption des "gratuits", il n'est même plus nécessaire de mettre la main à la poche. Ce média est entièrement sponsorisé par les entreprises privées et par les institutionnels, Conseils généraux, mairies et autres…

Les grands titres de la presse écrite et les quotidiens qui nous ont fait et qui continuent à nous faire lire et à nous intéresser aux choses du monde, ont bien du souci à se faire. Ils se font d'ailleurs un sang… d'encre, leurs journalistes aussi. C'est leur métier, les fondements même de leur profession qui se trouvent menacés.

Est-ce la faute aux gratuits ? Pas simplement à eux bien sûr, d'où la question : est-ce les gratuits qui sont la cause principale de la lente érosion de la presse traditionnelle ? Ou bien est-ce la lente détérioration de la presse qui est la cause de l'émergence de la presse gratuite ? Les éditeurs de gratuits vous diront que ce n'est pas de leur faute et l'exemple de la prise en main des gratuits par la presse traditionnelle aurait tendance à leur donner raison.

Ainsi Le Monde, associé avec Vincent Bolloré, vient de sortir Matin Plus. Distribué à 600 000 exemplaires, il paraît cinq jours par semaine, du lundi au vendredi et son contenu éditorial est principalement composé de piges publiées par le Monde et le Courrier international. Dans ce cas, on peut parler d'un contenu relativement riche, ce qui n'est pas le cas pour bien d'autres gratuits. Informations et commentaires politiques ou autres, sont le plus souvent d'une pauvreté affligeante. L'entreprise de presse devient alors une affaire comme une autre, uniquement destinée à dégager des bénéfices et des dividendes pour ses actionnaires.

Or, une entreprise de presse est-elle une entreprise comme les autres ? Bien sûr que non, dans la mesure où elle joue un rôle dans la vie publique et politique de la société. Elle diffuse des informations et des opinions qui influencent notre regard et notre jugement. Elle doit montrer patte blanche lors de sa constitution tandis que son contenu pourra être contrôlé et censuré…

En France, 20 minutes et Métro tiennent le haut du pavé. Métro, vous avez dit Métro ? Ce gratuit là, on le trouve de Montréal à Paris, dans les métros justement ou à leurs sorties. Mais, ils élargissent inéluctablement leur territoire. A Cannes, il est à la portée des passants dans des présentoirs installés sur le domaine publique, lorsqu'il n'est pas distribué à la sauvette devant le Palais des Festivals lors des manifestations qui s'y déroulent.

Petits gratuits, petits papiers,
Quelques pages vite lues, vite jetées,
Qui s'éparpillent au gré du temps.
Feuilles mortes qui se ramassent à la pelle
Et finissent le plus souvent dans les poubelles…

Il est à craindre que cette nouvelle presse ne remplisse pas les divers rôles qui lui étaient attribués et que, comme pour certaines radios privées ou chaînes de télévision, la portion consacrée à l'information et à ses commentaires, soit la portion congrue… Le lecteur électeur, le citoyen, ne sort pas gagnant de cette évolution, de ce "progrès"…

Il lui reste heureusement une alternative, celle de participer à la Révolution Internet, encore plus fulgurante et radicale que le fut en son temps la Révolution Gutenberg. Il lui reste à se plonger corps et âme dans le monde du net, des blogs perso, des sites d'informations gratuites, où il y a autant à boire qu'à manger. Il faut y faire son marché avec prudence, l'esprit critique toujours en éveil. Le jeu en vaut la chandelle car il est facile de passer de l'autre côté, de devenir acteur, rédacteur même, en créant son propre espace de communication ou, plus simplement, en réagissant instantanément aux articles lus, tels que le lecteur est souvent inviter à le faire.

Agorax Vox, média citoyen, c'est fait une belle place dans cette galaxie. Il considère que nous sommes tous une source d’information. Munis d’un simple téléphone portable, d’un ordinateur, d’un appareil photo ou d’une caméra numérique, des milliers d’internautes peuvent réaliser un travail de proximité incroyable qu’aucun média, aucune agence de presse, aucune association ne pourrait mener.

Voilà sans aucun doute, une piste à explorer. A vos écrans, internautes-journalistes, il ne faut pas louper le nouveau visage du journalisme ! Le journalisme à la papa est mort, vive le neo-journalisme, s'il faut lui donner un nom !

- mention : www.pariscotedazur.fr - février 2007 -
- info@pariscotedazur.fr -