La Pasqua connexion :

de Charles en Pierre, de père en fils.

Catégorie Pieds dans le plat

Il aura fallu combien d’années pour que le clan Pasqua chancelle ? Que le fils, Pierre, soit condamné à 2 ans de prison dont une année ferme qu’il ne fera sans doute jamais, après s’être, pendant sept ans, réfugié au chaud soleil de Tunisie ? Que le chef, Charles, arrive au bout du chemin, après avoir épuisé tous les recours que la Justice de son pays lui offrait sur un plateau ?

D’origine corse, Charles Pasqua, est né à Grasse où il a passé une partie de sa jeunesse. Un chef scout se rappelle de lui : le verbe haut, un meneur, on pouvait toujours compter sur lui… Après quelques études en droit, le voilà chez Ricard. Il y restera jusqu’en 1967. Mais là ne s’arrêtent pas ses activités.

De son expérience dans la Résistance où il entre, âgé seulement de 15 ans, il gardera le goût du secret et des complots. Ainsi, il participe en 1958, à la création du SAC, une police privée mise en place pour servir les intérêts d’un autre Charles : De Gaulle… On murmure, presque ouvertement, que cette milice entretient des liens privilégiés avec le Milieu marseillais et… corse.

Après De Gaulle, c’est Jacques Chirac qu’il servira et contribuera à faire élire, avec pour récompense, le poste clef de Ministre de l’Intérieur… Il s’en éloignera plus tard pour se rapprocher d’Edouard Balladur. Mauvais choix, c’est le camp du perdant qu’il a choisi et le début de ses démêlés avec la justice. Ses "amis" d'hier semblent moins nombreux et moins pressés… de lui renvoyer l'ascenseur.

Jouant la montre contre les affaires qui s’accumulent (l’Angolagate, la Sofremi, Alsthom, le financement du RPR, le casino d’Annemasse, la Fondation Hamon, Pétrole contre nourriture…), Charles Pasqua s’accroche à ses mandats électoraux qui l’éloignent des tribunaux. Il croit pouvoir rebondir en s’alliant avec Philippe De Villiers mais celui-ci comprend vite que cette promiscuité risque de se retourner contre lui… Politiquement, il n’est pas encore remis de cette sulfureuse fréquentation, perdant au passage beaucoup de sa crédibilité.

A Grasse, cette ville qu’il aime, Charles a fait l’acquisition d’un somptueux domaine où il débarque en hélicoptère lorsqu’il est ministre. Il y fera construire une maison rien que pour les gardiens. Il s’en séparera à regret, la cédant dans de mystérieuses circonstances à une société suisse qui devait la concéder à son fils Pierre… ce dernier la revendra dans des conditions toutes aussi énigmatiques, en 1995, réalisant un bénéfice mirobolant.

Le temps a passé, Charles Pasqua a réussi, grâce à ses dossiers secrets et à ses réseaux, à échapper au pire. Son homme de confiance, Jean-Charles Marchiani, ex-préfet du Var, ex- député européen, n’a pas eu cette chance, condamné en Appel à 4 ans de prison ferme qu'il ne fera vraisemblablement pas… C’est maintenant au tour de son fils Pierre d’être dans le collimateur des juges. Payera-t-il pour le père ?

Provocateur, Charles Pasqua était capable de dire à qui voulait l’entendre : "Les promesses électorales n'engagent que ceux qui les reçoivent" … sans que personne ne s'émeuve vraiment. Cette autre petite phrase est tout aussi savoureuse et révélatrice du personnage : "La démocratie s'arrête où commence l'intérêt de l'Etat."

Figure « exemplaire » de notre république, Charles aurait pu tout aussi bien l’amender ainsi : "La démocratie s'arrête où commence l'intérêt de l'Etat… et de celui de certains de ses ministres."

- mention : www.pariscotedazur.fr – novembre 2007 -
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