Pierre Rey : il a rejoint ses amis dans l'inconscient collectif.

Auteur de best-sellers, c'est surtout sa "Saison chez Lacan" qui restera dans les mémoires.


- Pierre Rey et son ami le goéland, pointe de la Croisette -

Pierre Rey était un homme de la nuit. Il écrivait ses romans et ses articles entre minuit et cinq heure du matin. C'était aussi un habitué des tapis verts. Il défendait aveuglement le droit de jouer et de perdre. Il est vrai, qu'auteur d'une dizaine de best-sellers dont Le Grec, Sunset, Out, Loubia, il avait souvent gagné et plus souvent perdu… Pierre Rey a aussi écrit deux pièces de théâtre, L'Opéra du fou et La Mienne s'appelait Régine. Anthony Quinn s'enthousiasma pour cette pièce qu'il interpréta avec Ava Gardner.

Curieusement ce sont les médias québécois qui mentionnèrent les premiers son décès. La presse azuréenne lui rendit logiquement un hommage appuyée, Jacques Gantiè le premier. Pierre était en effet un habitué de la Côte d'Azur. On le voyait à Saint Tropez, à Monaco qui fut le sujet de son livre Le Rocher et surtout à Cannes qu'il découvrit un peu par hasard, ville pour laquelle il eut le coup de foudre. Il y écrivit Palm Beach et, sur le tard, L'Ombre du Paradis qui mettait en scène la Croisette, l'arrière pays et les palaces cannois…

Les palaces, il les connaissaient bien, terrain propice à l'observation d'une faune internationale, matériaux rêvés pour ses romans. Il se lia ainsi avec André Sonnier directeur du Carlton puis du Georges V, avec Jean Robert Toutain, PDG du Palm Beach et avec la famille Barrière. Il fut très proche de Martha Barrière, de sa fille Diane et de son gendre Dominique Desseigne. C'est pour leur rendre hommage qu'il écrivit l'Oncle, autrement dit François André, personnage haut en couleur qui domina, au lendemain de la guerre, le monde des casinos et dont le neveu n'était autre que Lucien Barrière.

Ainsi, lorsqu'il n'était pas à Paris, Rome, Dublin, Los Angeles, il était à Cannes. Certes charmeur, séducteur même, cela ne l'empêchait pas d'être exigeant tout autant que fidèle dans le domaine des amitiés électives. On le voyait à Bijou-Plage, à Cannes-Beach ou à La Potinière du Palais, en compagnie de Louis Valentin, d'Effedé, de Patrick Chos avec lequel il grattait la guitare… Du Wisky à Gogo de Paris ou de Cannes, il avait suivi Paul Pacini jusqu'à son mythique Studio Circus de la République.

Si ses best-sellers, écrits pour payer sa psychanalyse, ont enchanté des millions de lecteurs de part le monde, c'est son livre Une saison chez Lacan, plus encore que Désirs, qui restera dans les mémoires. Rédigée sans complaisance mais sans voyeurisme, il y relate ses dix ans avec le fantasque psychanalyste parisien. Lorsqu'il le rencontre en pleine tourmente existentielle Lacan le force à réagir, à se bouger, à regarder sans indulgence l'image que lui renvoie son miroir…Pierre Rey en sort transformé, ses lecteurs aussi et son séjour sur le canapé est lu religieusement par les spécialistes aussi bien que par tous ceux que le divan intéresse. Les affinités entre Pierre et Lacan sont telles que ce dernier lui suggère de passer du côté du thérapeute. Il n'ira pas jusque là mais ses rapports avec les gens s'en trouvent complètement modifiés. Il décode tout. Bien utile pour un écrivain !

Peu de temps après que sa maladie fut diagnostiquée, il eut l'élégance de se marier avec sa compagne, Jamy, rédactrice en chef d'une émission télévisée.

Lorsqu'un être cher, lorsqu'un être proche s'en va, immanquablement on pense aussi à soi, à sa propre fin. Un petit bout de notre vie où nos destins se sont croisés, défile devant nos yeux inquiets. L'éternité nous montre du doigt : d'où venons-nous, qui sommes nous, où allons-nous ?

Bienvenu au Paradis, Pierre,…côté jardin !

L'hommage de Patrick Chos :

Y’a des mots qui sont laids
Des mots qui font pleurer
Je les ai tous gommés
Des feuilles de mon cahier

Y’a des mots qui sont vrais
Des mots qui font penser
A une page envolée
D’un roman de Pierre REY.

Pierre REY
C’est du Bleu, c’est du Ritz
C’est du Palm et du Beach
C’est Out et c’est in

Pierre REY
C’est Ava, c’est Gardner
C’est Ombre et lumière
Paradis ou enfer

Y’a des jours qui sont gris
Des jours à déprimer
Je les ai tous sortis
De mon calendrier

Y’a des jours qui sont gais
Des jours qui font rêver
A une histoire vraie
D’un roman de Pierre REY

Pierre REY
C’est Sunset et cartoon
Opéra pour un Fou
C’est le jeu et le nous

Pierre REY
C’est le Grec, c’est du sang
Un Rocher au printemps
Une saison chez Lacan

Y’a des gens qui oublient
Des gens qui font semblant
Je les ai tous inscrits
Aux abonnés absents

Y’a des extravagants
Qui suspendent le temps
Comme un moment passé
Dans le monde de Pierre REY

Pierre REY
Les beaux arts et Liouba
Et Règine et Martha
A New York ou Roma

Pierre REY
C’est partir et mourir
C’est un Oncle, un empire
C’est Djami, c’est Désir