Au menu du Festival de Cannes :

en 1953, c'était la soupe de poissons…

J'ai comme l'impression qu'on ne va pas parler de la même chose ce soir. Il y a les films, en compétition ou pas et dont vous aimeriez en savoir un peu plus, comme des caprices de ses stars qui entretiennent vos fantasmes les plus fous et les mille et une petites anecdotes qui arrivent aux autres et qui donnent du piment à votre vie…

Je laisse ces nobles tâches aux autres 4 000 et quelques journalistes, chroniqueurs, échotiers, critiques, pigistes, reporters qui sont venus des quatre coins de monde. Ils sont là pour ça… Non, je m'attacherais, ici, à parler de nourritures plus terrestres. La "bouffe", c'est important, combien même elle ne nous accompagne que le temps d'un bref transit…intestinal !

Au hasard d'une accumulation de menus, récoltés au fil des festivals, je redécouvre celui du 18 avril 1953. Minimaliste, il déclinait, à l'envers de la carte de visite de l'hôtel restaurant de l'île Sainte Marguerite, Chez Eugéne, la soupe de poisson avec sa rouille… et pour finir, une tranche glacée tutti frutti.

Les îles de Lérins furent un lieu longtemps privilégié où, durant les festivals, nombreux furent les producteurs de cinéma et leurs puants cigares qui amenèrent vedettes confirmées ou en devenir, goûter les fameuses langoustes grillées de Chez Frédéric ou la bouillabaisse de La Guérite…

C'est justement à La Guérite que la ville de Cannes avait invité "Messieurs les Délégués de la Presse Internationale", ce 28 avril 1955… Si la presse était du féminin, où donc étaient les femmes ?

C'était au temps du cinéma qui n'était plus muet. Depuis, beaucoup de champagne a coulé dans les coupes devenues flûtes… Chaque année, le Majestic Barrière fait ses comptes et détaille avec beaucoup de précision le nombre astronomique de bouteilles débouchées, de kilos de foie gras, de caviar, de homards…préparés dans les cuisines de son chef, Bruno Oger, lui aussi étoilé.

La tradition d'inviter les journalistes à un déjeuner campagnard a perduré. Souvent aux îles de Lérins ou sur la butte de Saint-Cassien, quelquefois à La Napoule, au Château, où stars, membres du jury et personnalités diverses se côtoyaient. Joyeux mélange où l'on partageait à la bonne franquette, saucissons, pissaladières, fromages, le tout bien arrosé de vins de pays… avant de terminer avec l'obligatoire partie de pétanque.

Depuis 2004, la municipalité Brochand a institutionnalisé l'évènement, certes un peu plus concerté mais toujours bon enfant. Le choix de la place de la Castre est judicieux. A l'ombre des pins parasols, les invités, messieurs et dames, se régalent d'un aïoli plus qu'honorable, concocté par le traiteur Giry. Seul loupé, le vin était cette année du Côte du Rhône. Les vins de Provence en sont restés baba, après la traditionnelle tarte au citron et la tourte sucrée aux pignons, une merveille.

- le maire, à la Castre, entouré par les journalistes italiens -

Sur les plages voisines de la Croisette, réalisateurs et acteurs se demandent à quelle sauce vont les accommoder les critiques et le public dans la salle. Seront-ils sur le menu, le soir de la proclamation des résultats ? Les producteurs auront-ils leur part de gâteau ?

- mention : www.pariscotedazur.fr - mai 2007 -
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