Grasse. Aux couleurs de la Provence...
Brodées ou tissées, les vêtements traditionnels si chers à Hélène Costa.

Né il y a vingt-huit ans, le Musée Provençal du Costume et du Bijou abrite les collections tant aimées d’Hélène Costa, fruit d’une vie de passion que perpétuent aujourd’hui ses trois filles. Parmi ces trésors, une importante quantité de représentations florales depuis le XVIIIe siècle. Au cœur du pays grassois où règnent en maître fleurs et senteurs, cette nouvelle exposition rend hommage à la fondatrice du musée, passionnée de botanique, qui aimait à composer d’élégants bouquets avec les fleurs de son jardin comme autant de silhouettes de mode.
La superposition florale est une constante de la Provence : un jupon piqué ou boutissé se porte sous une jupe imprimée, agrémentée d’un corsage en soie façonnée, lui-même surmonté d’un fichu de tulle ou de mousseline brodée, une silhouette très en vogue de 1750 jusqu’au début du XXe siècle. Si les étoffes fleuries sont reines en leur royaume, la capitale n’échappe pas à cet engouement… À partir du XVIIIe siècle, les textiles se parent de fleurs et de nouvelles techniques voient le jour : sous l’Empire, la mousseline légère et les châles tissés de cachemire courent les rues élégantes. Au XIXe siècle, ce sont les frou-frou et le brouhaha des soies lyonnaises, les passementeries de Saint-Étienne, les dentelles de Chantilly ou de Lille, mais aussi le coton ou la gaze imprimés de Mulhouse qui ont les faveurs de ces dames. Les fleurs sont partout, du sol au plafond dans les maisons, des pieds à la tête pour les plus coquettes.
Ce triptyque autour des fleurs rend hommage à l’inventivité des artisans et au talent des dessinateurs, c’est une plongée à travers les siècles où les mutations stylistiques célèbrent la nature. À côté d’étoffes précieuses, sont présentés des bijoux, d’amusantes parures à la frontière des mondes minéral et végétal. Mille-fleurs, bonnes herbes, herbiers, jardiniers, semis sont autant de mots empruntés au jargon botanique pour désigner un type de placement de motifs. Grâce à une scénographie haute en couleur, l’exposition - jusqu’au 3 novembre 2025 - donne vie à une nature idéalisée et fantasmée. CQFD !
