Toulon. Le Musée national de la marin fait voyager son Neptune...

Pièce grand format incontournable du parcours de visite, le buste du Neptune est prêté aux Franciscaines à Deauville pour être présenté dans l'exposition « Bleu profond, l'océan révélé » du 8 juin au 21 septembre 2025.



- Neptune (1818) © musée national de la Marine/R. Osi -


Ce départ est l'occasion pour le musée de faire revenir de ses réserves un autre chef-d'œuvre de la sculpture navale : un buste de femme à l'antique, figure de proue de la frégate la Sibylle, lancée à Toulon en 1847. En parallèle de ces opérations, des mouvements d'œuvres auront lieu dans le parcours permanent du musée. Une vingtaine d'outils de navigations, présentés dans la vitrine « Se repérer en mer », seront sortis pour être restaurés dans l'atelier de restauration du musée en Seine-Saint-Denis. Dans quelques mois, les visiteurs découvriront ainsi ces objets sous un nouveau jour ainsi que des pièces sorties des réserves, dans une vitrine totalement renouvelée.

La décoration navale est à bien des égards un outil de propagande utilisé par la royauté. À cette fin, les figures de proue et les ornements des navires s’inspirent, dès le règne de Louis XIV (1638-1715), de l’époque antique. Plus tard, sous le Consulat et l’Empire (1799-1815), la grande majorité des navires de guerre arborent à l’avant un aigle, symbole se référant à la Rome impériale, tandis que d’autres trouvent leurs noms dans la mythologie romaine.

C’est le cas, par exemple, de la figure de proue du Neptune, vaisseau de 80 canons, construit en 1810 à Lorient. Lors de son désarmement à Toulon, en 1868, le buste de Neptune est recueilli par les ouvriers de l’atelier de sculpture de l’arsenal et rejoint le musée de la Marine ouvert en 1814 dans l’arsenal. Les bombardements de Toulon de 1944 endommagent cette impressionnante figure. Alors que le buste est entièrement sculpté dans du pitchpin, bois résineux très prisé en construction navale, l’essence d’orme a été utilisée pour sa restauration, visible sur la médiane du torse et des pectoraux.

Ce Neptune est l’un des derniers et rares vestiges du savoir-faire des ateliers de sculpture des arsenaux, annonçant la standardisation des figures de proue en buste à partir de 1829, avant leur disparition totale dans les années 1850 - conséquence de la profonde mutation de la construction navale dans le monde.



- Figure de proue de la Sybille © musée national de la Marine/R. Osi -