L’industrie agro-alimentaire face à ses responsabilités...
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Depuis 2017, l’association « Agir pour l’environnement » est engagée dans une procédure administrative visant à obtenir l’annulation des autorisations de mise sur le marché de deux insecticides à base de sulfoxaflor, un substitut aux néonicotinoïdes ayant les mêmes effets et dangers, le « Transform » et le « Closer ».
Dans un jugement rendu le 28 février dernier, la Cour administrative d’appel de Marseille a reconnu que « les insuffisances quant à l’évaluation des produits phytopharmaceutiques en cause sont de nature à établir que les autorisations de mise sur le marché des produits « Transform » et « Closer » ont été […] prises en méconnaissance des dispositions réglementaires », avant d’ajouter que « les évaluations disponibles n’ont pas permis d’exclure un risque élevé pour les abeilles dans le cas des utilisations en plein champs ». Comme de mauvaises coutumes, la France a été tentée de privilégier l’agro-industrie au détriment des insectes pollinisateurs.
Ces deux insecticides « tueurs d’abeilles » sont commercialisés par la société Corteva Agrisciences, anciennement Dow Agrosciences, filiale de Dow Chemical, deuxième fabricant mondial de produits chimiques et responsable de la catastrophe de Bhopal en 1984.
La disproportion des moyens engagés ne plaidait pas en faveur des associatifs. Ces derniers avaient revêtu leurs plus beaux habits de David et se sont payés les Goliath de service qui a ainsi dû mettre le genou à terre.
À l’heure où le gouvernement souhaite inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à ré-autoriser les insecticides « tueurs d’abeilles », sacrifiant une nouvelle fois la biodiversité sur l’autel du productivisme agricole, cette victoire remonte le moral des troupes. Nul combat n’est perdu d’avance ! Les seuls combats que nous perdons sont ceux que nous refusons de mener. Qu’on se le dise...
- récupération d'un essaim, Le Cannet -