Le petit âge d’or des artistes voyageuses, 1880-1944...
Une exposition réunit une quarantaine d’artistes et de photographes, de la « Belle Époque » à la seconde guerre mondiale, dont les itinéraires artistiques ont emprunté les routes de l’ailleurs, parcourant le monde, du continent africain à l’Orient lointain. Elle se tient à Evian au Palais Lumière jusqu’au 21 mai 2023, puis prendra ses quartiers au Musée de Pont-Aven, du 24 juin au 5 novembre 2023.
Un nouveau contexte, celui des premiers mouvements féministes, encourage les femmes à s’affirmer hors de l’espace domestique, et promeut l’image d’une « femme nouvelle » actrice de son destin. L’action de l’Union des femmes peintres et sculpteurs fondée en 1881 se concrétise en 1900 par l’ouverture à l’École des Beaux-Arts de Paris de deux ateliers, l’un de peinture, l’autre de sculpture, réservés aux femmes. Leur formation académique, qu’elle ait été effectuée aux Beaux-Arts, ou dans des académies privées, notamment l’Académie Julian, permet aux artistes femmes d’acquérir un statut professionnel et d’obtenir des bourses de voyage, des commandes pour les compagnies maritimes ou pour les expositions universelles et coloniales.
Le tournant du XXe siècle est marqué par un renouvellement d’intérêt pour l’orientalisme, stimulé par le tourisme d’hivernal en Afrique du Nord, et encouragé par les expositions de la Société des peintres orientalistes français auxquelles participent Marie Caire-Tonoir, Marie Aimée Lucas Robiquet et Andrée Karpelès. À partir des années vingt, ce sont les territoires de « la plus grande France » qui invitent de nombreuses artistes aux voyages, loin du monde occidental, de l’Afrique équatoriale à Madagascar, jusqu’à la péninsule indochinoise et au-delà. C’est le cas de Marcelle Ackein, Alix Aymé, Monique Cras, Marthe Flandrin, Anna Quinquaud, Jeane Tercafs, Jeanne Thil. D’autres voyagent jusqu’au Tibet et en Chine, telles Alenxandra David-Neel, Léa Lafugie et Simone Gouzé. Parfois le voyage devient le déclencheur d’une carrière de photographe, c’est le cas pour Denise Colomb et Thérèse Le Prat.
L’exposition présente en outre d’autres itinéraires, celui de deux artistes chinoises, Fan Tchunpi et Pan Yuliang, venues en France étudier aux Beaux-arts de Paris, puis voyageant en Europe et en Chine. La question de la rencontre avec l’autre et ses représentations se déploie dans le parcours de l’exposition par la diversité des approches et des moyens plastiques des quelques deux-cents peintures, sculptures, dessins, affiches et photographies. Une riche documentation permet d’appréhender le contexte culturel et sociétal de la Troisième République, marqué à la fois par les premiers mouvements féministes et l’expansion coloniale.
- L’exposition est produite en partenariat avec le musée de Pont Aven, qui accueillera l’exposition du 25 juin au 5 novembre 2023. Le commissaire général est William Saadé, conservateur en chef émérite du patrimoine, conseiller artistique du Palais Lumière à Évian tandis que le commissaire scientifique est Arielle Pélenc, critique d’art, commissaire d’exposition indépendante.
- Pan Yuliang, Nu assis, 1953 © Paris Musée, musée Cernuschi, Paris -