BD. Devine qui vient dîner ce soir ?
David Ratte, dessinateur engagé, revient avec un nouvel album, Ma fille, mon enfant et aborde la difficile question du racisme dans la vie de tous le jours.
Chloé accueille à la maison son nouveau petit ami Abdelaziz. Et cela ne plaît pas à Catherine, sa mère. Elle désapprouve cette situation et ne se prive pas de le faire savoir. Les relations entre elles se détériorent vite et sont violentes dans les mots et les gestes. Quand un évènement tragique frappe Abdelaziz, Catherine veut soutenir sa fille. Mais le lien est rompu. Pourtant, Catherine se défend d’être raciste. Elle a d’ailleurs un collègue... arabe. Avec un certain courage, David Ratte croque ici le thème du racisme ordinaire, celui engendré par le nombre de plus important de Français notamment de culture musulmane issus de l’immigration.
Les dialogues sont poignants et dépeignent les réactions brutales de la mère, alors que le père trouve le copain de leur fille plutôt « sympa ». Celle-ci accumule les préjugés sur Abdelaziz et sur la communauté dont il fait partie. Elle part par exemple du principe que ses parents sont forcément nés hors de France, alors que ce n’est pas vrai. Ce sont ses grands-parents qui ont quitté leur Algérie natale… Un peu à l’instar des parents de Catherine, des émigrés espagnols. « Je ne vois pas le rapport », lance, embarrassée, la maman à son mari, qui voit pourtant des ressemblances évidentes entre ces deux situations familiales.
Une situation qui reflète bien les contradictions de notre société tiraillée entre Principe de réalité et Politiquement correct. A chacun de s’adapter à l’insu de son plein gré… D’autant que le dessinateur sait de quoi il parle. Le père de David Ratte est guadeloupéen, sa mère franc-comtoise, sa femme d’origine espagnole par ses parents. Il a vécu dans un HLM et ses amis étaient arabes, africains, asiatiques… tous confrontés avec le racisme ordinaire, celui qui ne dit pas son nom.