Matteo Salvini, l’épouvantail de l’Europe de la bien-pensance…

Nombreux sont ceux qui s’amusent à trouver des points de ressemblance avec l’homme fort de la botte et l’imprévisible et twitiste acharné Donald Trump ainsi qu’avec le non moins improbable Boris Jonhson. Tous dérangent l’establishment, et bousculent les us et coutumes politiques. Avec un certain succès il faut le reconnaître, au grand dam de leurs opposants. Sujet en or pour un journaliste habitué à traiter ce genre de situation complexe et propre à la polémique. Ainsi Richard Heuzé qui vient juste de publier la première biographie en français de Matteo Salvini.




Richard Heuzé couvre l’actualité italienne depuis son arrivée à Rome pour l’Agence France-Presse à la veille de l’attentat néofasciste de Bologne (81 morts le 2 août 1980). Le 15 janvier 1993, Le Figaro fait appel à lui pour raconter l’arrestation du grand parrain de la mafia sicilienne Totò Riina. Pendant vingt-cinq ans, il en a été le correspondant permanent à Rome et sa connaissance et son expérience de la vie politique et sociale italienne lui donne toute la crédibilité nécessaire à cette entreprise...


Dans son livre, il s’interroge : jusqu’où ira Matteo Salvini dans sa conquête du pouvoir ? Ce Milanais de 45 ans a en effet repris en main en 2013 un parti sécessionniste moribond pour en faire une force souverainiste qui prend de plus en plus de place, reléguant son mentor Silvio Berlusconi au rôle de comparse, écrasant les sondages, humiliant les Cinq Étoiles auxquels il s’est allié en juin 2018 pour former le premier gouvernement populiste en Occident.


Mais en matière parcours, celui des hommes politiques ne ressemble jamais à une ligne droite. Celui de Matteo Salvini ne fait pas exception à la règle. Grisé par son irrésistible marche en avant, il veut brûler les étapes et, le 8 août, il surprend tout le monde en sommant Conte de se séparer des trois ministres qui font barrage à ses réformes, menaçant de provoquer des élections anticipées en octobre. II dépose au Sénat une motion de censure contre le Président du Conseil, mais sous-estime la résistance des élus de tout bord qui veulent conserver leur siège au Parlement.


Le 20 août au Sénat, Matteo Salvini est durement pris à partie par le Président du Conseil. Le pâle juriste se révèle un procureur impitoyable. Se libérant de plusieurs mois de frustration, il se livre à un très violent réquisitoire anti-souverainiste contre son vice-président du Conseil. Visiblement interloqué, Salvini encaisse mal. Le soir même, Conte démissionne.


Dans l’attente de nouvelles élections, et avec plus d'ardeur que jamais, Matteo Salvini reprend ses tournées électorales en province. Comme tous les bons acteurs de théâtre, il promet de remonter bientôt sur les planches. « J'ai péché par ingénuité », reconnaîtra-t-il… Dans l'attente du moindre faux-pas du gouvernement Conte-bis, la bête politique reste en embuscade, prête à prendre sa revanche...