Guy Cambier, artiste aux trois muses

Crédits:
textes par

« La poitrine en forme de cage et dedans le cœur, triste oiseau, C'est un bizarre personnage que Pascal appelait roseau. » FD



- Guy Cambier -


Comme l'écrit avec justesse Francis Legrand, Guy Cambier demeure fidèle à une éthique de l'art qui n'a plus cours. Il fait partie de ceux qui ne renient pas leurs maîtres : Rembrandt, Corot notamment. Il continue la tradition du chevalet, le soin des glacis, la qualité de la composition, la propreté de la matière. Il est, avec sa sensibilité personnelle, l'expression d'un passé toujours vivant mais rénové, rajeuni en quelque sorte.


A l'heure où l'art est compressé, plus souvent jeu de mot que jeu de piste, Guy Cambier fait le pari de s'extasier devant l'universelle beauté de la nature, des objets simples, de la douceur des rêves. Il l'exprime sans fausse pudeur avec une maîtrise technique digne des maîtres de la Renaissance.


Né en 1923, Guy Cambier passe sa jeunesse en Belgique et commence à exposer dès l'âge de 19 ans. Il quitte bientôt son pays pour la Côte d'Azur où son art est apprécié par des amateurs pour qui peindre vrai n'est pas une maladie honteuse. S'il a fait de la peinture l'outil essentiel de la communication avec les autres et avec le monde, il vit d'autres passions artistiques, compose des mélodies, taquine le piano, joue du violon avec son ami Stéphane Grappelli et il écrit. Il est l'auteur de contes fantastiques, d'une opérette pour enfants, d'aphorismes dans lesquels l'autodérision alternent avec une critique douce-amère de la société humaine et des êtres qui la composent.


Il réalise dans le milieu des années soixante une importante exposition sur le thème « Voyage au pays du Grand Meaulnes ». C'est le triomphe d'un romantisme revu et corrigé qui fait école. Guy Cambier dénonce volontiers les ismes qui sectarisent l'art pictural et le banalisent. Art devenu source de profit et non plus source d'amour. Il n'hésite pas à jeter son pavé dans la mare en évoquant la victoire du « barbouillisme ».



- Guy Cambier, 1923 - 2008 -


Imperturbable, stoïque, il promène son inspiration de nus en bouquets, de paysages en natures mortes. Il peint le portrait de Gérard Philipe, de Grace de Monaco, de son ami Stéphane Grappelli, celui de Marilyn Monroe, habillée façon XVIIIème siècle, une commande d'un cinéaste américain.


Comme Dieu a tout prévu,
Il a fait en sorte que bien des choses
se passent en dehors de sa volonté.


Ainsi s'exprime l'artiste aux trois muses qui affirme avec force l'existence du libre arbitre, la place laissée au hasard, la part du rêve. Guy Cambier a fait le choix pictural et définitif de transcender la souffrance et l'angoisse existentielle.


Guy Cambier disparaissait en 2008 dans sa propriété de Spéracèdes près de Grasse.