Cannes : comprendre pour mieux Agir,

la conférence de Gilles Kepel dans le mille…

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Politologue, spécialiste de l'Islam et du monde arabe contemporain, le thème de son intervention avait été choisi il y a plusieurs mois en accord avec Philippe Buerch l'initiateur de la rencontre : « Djihad français et crises en Méditerranée ». L'actualité n'a fait malheureusement que donner plus de relief à son intervention avec les événements tragiques qui se sont succédé ces dernières semaines avec l'attentat en juin d'une boîte de nuit gay aux USA, le meurtre d'un commandant de la police française et de sa compagne à Magnanville, l'attentat suicide à l'aéroport d’Istanbul. Des actes destinés à frapper l'imagination des populations, d'instiller l’inquiétude et la peur tout autant que de déstabiliser les démocraties à l'occidentale.


Quelques 200 personnes avaient répondu à l'invitation du président d'Agir, Philippe Buerch, à celle d'Elisa Darvish, présidente de l’association « Une Colombe en Orient » et de Jacques Journo, président du Lions Club Cannes Festival.


Conférencier hors pair, Gilles Kepel a captivé l'assistance. Debout pendant plus de deux heures, sans aucune note sur son pupitre, clair, pédagogue sans pour autant lasser sur un sujet complexe qu'il connaît sur le bout des doigts. Il est vrai que sa connaissance n'est pas seulement livresque et universitaire. Il a sillonné le Moyen Orient et le Maghreb de long en large, rencontrant des personnages essentiels à la compréhension des situations nationales ou régionales. Le fait de connaître l'arabe étant un atout de poids pour décoder les textes et comprendre ses interlocuteurs.


Pour son public, il a prit le temps de brosser un tableau complet de la situation géopolitique actuelle. Et l'on comprend mieux qu'il n'y a pas à chercher de... coupable expiatoire. L’enchaînement de faits qui étaient destinés à équilibrer les rapports de forces ont empiriquement façonné la carte actuelle, exacerbé les ambitions des uns, les rancœurs des autres. La situation, comme c'est souvent le cas, a échappé à ceux qui voulaient tout contrôler.


Au vue des derniers événements dramatiques qui secouent une partie du monde, à l’inquiétude légitime des populations, a-t-on des raisons d'être optimiste ? Nous sommes dans un cycle et les récents développements ne présagent à moyenne échéance rien de bon. Ainsi, l'échec aujourd'hui prévisible de l'instauration d'un califat, risque d’éparpiller ses acteurs les plus brutaux dans nos sociétés. Ils y distilleront leurs messages de haine et fomenteront de nouveaux attentats. La France est malheureusement dans la périphérie la plus proche de ce terrible psychodrame où se mêlent intimement politique et religion, communautarisme et laïcité. C'est le pays occidental qui a notamment fourni le plus de candidats au djihad.


Une partie de la réponse est dans la connaissance des enjeux et de la dynamique des pays concernés. C'est le message de la remarquable intervention de Gilles Kepel.



Elisa Darvish, Philippe Buerch, Adolphe Colrat et Gilles Kepel -


Une partie du public s'est retrouvé ensuite pour un dîner caritatif à la plage du Gray d'Albion. Des associatifs, des notables… on remarqua la présence d'Annie Courtade, de Michel Trintignac, deux incontournables de la vie publique cannoise. Le préfet des Alpes-Maritimes, Adolphe Colrat, les avait rejoint, désireux d'échanger à propos des enjeux sécuritaires plus précisément dans le département dont il a la charge.


Personnage clef à l'origine de la venue du conférencier, Philippe Buerch avait toutes les raisons d'être satisfait de cette énième rencontre organisée par l'association qu'il préside. Son dynamisme, son activisme, son implication dans le tissu associatif, social, politique, sa générosité aussi, en font un personnage attachant. Dans un contexte morose où de plus en plus de citoyens doutent de la capacité et de la volonté des hommes politique à améliorer leur quotidien, il est de ceux susceptibles de faire bouger les lignes. Très présent sur les réseaux sociaux, il a clairement exprimé lors de sa présentation, son désir d'en faire plus, déclarant : « Faire de la politique en ces temps troublés et incertains n’est pas une question de goût ou d’affinité . C’est une question de devoir. C’est en tout cas ma conviction personnelle et la voie que j’ai choisie. »


Les prochaines échéances électorales lui donneront-elles l'occasion de s'exprimer et de monter au créneau ? Quelle est son audience auprès des instances départementales ? Un rapprochement avec le maire de Cannes, David Lisnard est-il envisageable ? En tout cas, ce qui est certain, c'est sa volonté de passer de l'autre côté de la barrière, de ne pas être seulement un « gentil organisateur » mais bien un acteur à part entière, de ceux qui participent aux décisions et font avancer la société dans laquelle nous vivons.