Marseille. Alberto Giacometti au Musée Cantini...

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- photo Josiane Franceschi -


Issu d'une famille d'artistes suisses, Alberto Giacometti (1901-1966) est certainement l'un des sculpteurs les plus importants du XXe siècle. Celui qui fut l'élève d'Antoine Bourdelle a longtemps oscillé entre une statuaire classique et une autre, plus abstraite, dans le goût d'André Breton et des surréalistes qu'il fréquentait alors. Dans les années 40, il va revenir à une approche plus figurative, tant des visages que des corps, mais délivré des contraintes du réalisme. C'est même, au contraire, le symbolisme cher à l'art égyptien que l'on décèle dans les grandes œuvres de cette période, comme le célébrissime « L'homme qui marche », silhouette étirée jusqu'au vertige. L'Amérique, par l'entremise du marchand d'art Pierre Matisse, s'ouvre à lui dès 1948. Adoubé par Jean-Paul Sartre qui rédige la préface du catalogue d'exposition, voici Giacometti tiré du côté de l'existentialisme.  

Mais ce « sculpteur du vide » n'avait pas le goût de l'engagement et préférait poursuivre sagement son travail à l'écart des chapelles politiques et artistiques. D'autant que, parallèlement à son œuvre de sculpteur, l'illustration et la peinture ne cessaient de le requérir. La consécration viendra avec  le Grand prix de sculpture qui lui sera décerné en 1962, à la Biennale de Venise. Néanmoins, le succès international qu'il connût durant les deux dernières décennies de son existence ne devait rien changer à son mode de vie, à la fois austère et bohème.

C'est cet artiste exceptionnel qu'accueille, pour la première fois, le musée Cantini avec cette exposition monographique concise mais très riche. Organisée avec le concours de la Fondation Alberto et Annette Giacometti, elle rassemble une centaine d’œuvres en deux et trois dimensions (sculptures, huiles, esquisses, photos). Celle-ci sont concentrées dans les salles du rez-de-chaussée et retracent les grands moments de sa carrière. Loin de passer rapidement devant des œuvres de sa première période comme Objet désagréable à jeter, Femme couchée qui rêve ou Boule suspendue, on mesure ainsi sa capacité à créer du sens à partir d'assemblages hétéroclites (plaques de bronze, bois, ficelle). 

Mais ce sont, bien sûr, ses longilignes silhouettes que l'on cherche du regard, passé cette première étape. Sculptures de groupe d'une cinquantaine de centimètres ou solitaire et gigantesque, comme La femme debout, elles sont autant de méditations sensibles sur la verticalité et le mouvement. Si Giacometti affectionnait les dispositifs qui mettent en valeur le personnage central - comme La cage -, il avait aussi un goût prononcé pour les variations extrêmes d'échelle, ce qui nous vaut cette Toute petite figurine (environ deux centimètres) dont la description des détails exige une loupe. Voilà quelques repères pour apprécier ce sculpteur qui a fait beaucoup d'émules. Il est à noter que cette mini-rétrospective est jumelée avec Les veilleurs d'Ali Cherri, autre exposition visible actuellement au MAC.                                                                      

Jacques Lucchesi 

  • Jusqu'au 28 septembre 2025 - Musée Cantini - 19 rue Grignan, 13006 Marseille.


- photo Josiane Franceschi -