Europe. Pour un véritable Pacte Bleu...

Édito signé par Christophe Clergeau, député européen. Dans le collimateur, les enjeux écologiques, sociaux, économiques tout autant que, dans le contexte actuel, celui de la souveraineté :



« La souveraineté européenne et son avenir écologique passent par les océans. Bouleversés par le changement climatique, ils sont à la fois porteurs d’inquiétudes et d’espoir.

Le programme de travail de la commission l’a confirmé : nous aurons un « pacte européen pour les océans » avant l’été. Pour toutes les communautés côtières et insulaires, en particulier ultramarines, dont l’avenir dépend de la mer, c’est une évidence. Et pourtant, la mer est une des grandes oubliées des politiques européennes, souvent cantonnée à des approches sectorielles partielles, à travers le prisme de la pêche ou du transport. Nous avons besoin d’une approche globale des océans. 

Autre évidence : les océans et leurs opportunités ne s’arrêtent pas à nos frontières nationales. Et pourtant, les pays européens ont toujours considéré la mer comme un enjeu national, voire local. Ils sont largement passés à côté des enjeux de la directive sur la planification spatiale maritime, qui se trouve pourtant à la conjonction des enjeux de transition énergétique, avec l’extraordinaire potentiel des énergies maritimes renouvelables et du transport maritime, mais aussi de la protection de la biodiversité et des réserves halieutiques, qui font vivre une partie de nos populations côtières et nourrissent tous les européens. Ce pacte devra porter l’océan comme un enjeu collectif et dynamique ou les différentes activités trouvent leur juste place au sein d’un  même écosystème. 

Mais ce pacte est aussi un enjeu de souveraineté, à l’heure de la guerre en Ukraine, des ingérences étrangères et des conflits commerciaux. Pour réduire notre dépendance vis à vis des hydrocarbures et du gaz, les énergies marines renouvelables sont incontournables. Accélératrice de la transition énergétique, elles méritent des objectifs ambitieux :  20% d’énergie offshore dans la production énergétique d’ici 2050.

Reconstruire notre souveraineté, c’est aussi prendre conscience que 90 % des produits importés en Europe le sont via le transport maritime, alors que nous dépendons de l’Asie pour la construction des navires. La reconquête de certains marchés de la construction navale contribuera à notre souveraineté avec plus de bateaux construits en Europe et battant les pavillons européens. Nous préparerons l’avenir en consacrant 10% des fonds de la politique européenne de la recherche aux enjeux océaniques.

Enfin, à l’heure où les forêts brûlent et la déforestation continue, l’océan est le plus important puits de carbone et un formidable réservoir de biodiversité largement inexploré. Notre alimentation dépend aussi des océans avec la pêche et les cultures maritimes. C’est pourquoi nous devons inscrire dans un premier temps 30% des mers de l’UE dans un périmètre de protection et de gestion efficace dont au moins 10% sous protection stricte, d’ici 2030. Nous devons également restaurer 20 % des écosystèmes marins dégradés dans l'UE d'ici 2030, et cela tout en assurant la pérennité économique des activités de pêche.

Le pacte pour les océans est une opportunité historique pour restaurer la nature, construire notre souveraineté, créer des emplois, et agir pour le climat. Pour cela, il devra conjuguer tous ces enjeux - écologiques, économiques et sociaux, avec des objectifs chiffrés, et se concrétiser en un plan d’action, des outils financiers et des initiatives législatives contraignantes. Une grande loi européenne sur les océans devra rendre concret et effectif le pacte qui sera publié à la fin du printemps. »

Christophe Clergeau