- Paul, Isaac, Ali et quelques autres -

C’est un petit pays, un confetti perdu
Dans les vagues de la Méditerranée,
Sans forêts, sans prairies, du soleil plein les rues.
C’est ici que commence ma longue destinée.

Mes grands parents maltais, un jour ont émigré,
Pour une meilleure vie, aux portes du désert.
Sur une terre ingrate, ils ont ensemencé.
Ils ont eu dix enfants, le dernier fut mon père.

C’est là que j’ai grandi, entre église et mosquée.
Mes amis s’appelaient Paul, Isaac, Ali.
Mes voisins, mes amis nous étions tous français.
J'étais de cette terre, mon pays, ma patrie.

J’ai aimé des yeux bruns ; je les ai épousés.
Deux enfants nous sont nés, notre vie était belle.
Mais un jour de juillet, le vent nous a chassés.
La neige canadienne remplaça le djebel. 

De Québec à Marseille, d’Aurillac à Rouen,
Nous avons cheminé au gré des infortunes.
Pourtant nous étions riches de nos petits enfants ;
Dans les plus sombres nuits, brillait un clair de lune.

Le plus beau des métiers, un jour me fut donné.
J’ai partagé au cœur la vie hospitalière,
J'ai rencontré partout des âmes passionnées,
Trente cinq ans de vie, toutes emplies de lumière.

La vie n'attend jamais les recommencements.
On récolte toujours les graines que l’on sème.
Je suis millionnaire de l’amour de mes enfants
Et je vis très heureux parmi tous ceux que j’aime.

C’est parce qu’elle fut dure, que notre vie fut belle,
C’est parce qu’elle est belle, qu’il faut l’apprécier.
Buvons chaque matin, les joies qui nous appellent.
Remercions le Bon Dieu de nous l’avoir donnée.

Guy Bezzina