Algérie. La mémoire heureuse de Béatrice Commengé…

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En 1989, le Prix Littéraire Jacques Audiberti a été fondé par la ville d’Antibes afin de récompenser une œuvre inspirée, totalement ou en partie, par la Méditerranée. Il est décerné chaque année par un jury d’auteurs et de professionnels du milieu culturel et littéraire, présidé par Didier Van Cauweleart. Il a déjà récompensé des écrivains tels Laurent Durell en 1989 justement, Jean Raspail, Michel Déon ou Jean-Christophe Rufin. Pour apporter un nouvel essor à cette distinction, une ouverture plus large sur le monde littéraire a été proposée et les lauréats devront non seulement avoir un lien avec la Méditerranée mais l’œuvre devra aussi comporter une résonance avec celle de Jacques Audiberti.


Le choix du jury s’est porté cette année sur Béatrice Commengé pour l’ensemble de son œuvre. Quinze livres au compteur, elle s’affirme comme une auteure prolixe. Ainsi, sa pratique de la danse, des bibliothèques et des routes l’ont conduite, à se passionner pour Nietzsche, Rilke, Henry Miller, Hölderlin ou la ville d’Alexandrie. Après des études d’anglais et un doctorat sur Virginia Woolf, elle publie son premier livre en 1985 - un roman : La Nuit est en avance d’un Jour. Un deuxième roman, Le Ciel du Voyageur, en 1989, poursuit cette quête du lieu et du moment, dans l’obsession de cet instant où les vies basculent.

Elle est née à Alger et a passé son enfance côté sud de la Méditerranée. Presque 60 ans après, elle se décide à évoquer cette période de sa vie. « « Alger, rue des Bananiers », c’est le souvenir délicat et intime d’une Algérie française. Mais, elle fait le choix d’une de la nostalgie heureuse plutôt que la nostalgie morbide. Pas de pathos. Pourtant la blessure est là, discrète. Tout juste regrettera-t-elle, en aparté de sa conférence de presse, que les Algériens aient autant de mal de tourner la page de la colonisation française. Elle ne dura en effet que 130 ans, bien moins par exemple que la présence musulmane en Espagne qui dura elle, plus de 700 ans.

C’est sans doute son évocation sans haine et cette douce nostalgie d’une enfance heureuse malgré un environnement défiguré par la guerre civile et les drames quotidiens, qui ont séduit le jury présidé par Didier Van Cauwelaert. Il parlait même, lors de la présentation aux médias de la lauréate, de Béatrice Commengé comme d’une Modiano au féminin… Qu’en pense le liseur ?


- la lauréate, Béatrice Commengé, entourée de Didier Cauwelaert,
du maire Jean Leonetti et des membres du jury -