Le racisme à rebours...

Le billet d’humeur de Jean-Marie Tarragoni sur FB.

Catégorie Pieds dans le plat

Ainsi, dans la France d'aujourd'hui, un auteur et un éditeur peuvent être interdits dans une ville sur intervention d'une association telle que SOS racisme, et l'action revendiquée et assumée par son Président local, Jacques Savine.



C'est ce que l'on apprend dans différents Médias à propos du livre « Utoya » de Laurent Obertone. Je n'ai pas lu Laurent Obertone ni son livre La France Orange Mécanique ni le dernier Utoya qui s'empare de l'affaire du tueur norvégien Andres Breivik. Je n'ai pas lu Mein Kampf non plus qui est pourtant libre de publication, pour peu qu'il soit vendu dans les rayons Histoire avec un texte d'avertissement rappelant le contexte historique du livre d'Adolf Hitler. 


Donc, je peux acheter dans une librairie de Grenoble Mein Kampf, mais pas La France Orange Mécanique ? Je peux lire un livre qui prône l'annihilation des Juifs, mais pas un livre qui fait un parallèle (à tort ou à raison) entre délinquances et immigration contemporaine ?! Certes, ce dernier livre La France Orange Mécanique, a été encensé par un ensemble de commentateurs et journalistes plutôt à... droite et même de politiques comme Marine Le Pen. 


Faut-il cependant rappeler que le Maréchal Lyautey dans les années 30 à 40 disait dans la préface de Mein Kampf que « chaque français devait lire ce livre... ne serait-ce que pour savoir qui était vraiment Hitler ». Obertone est sans doute de Droite... même surement très à Droite. Mais le censurer, l'interdire de venir dans une librairie au nom d'une association qui se veut depuis les origines de sa création comme défendant tous les sectarismes, interpelle. 


D'autant plus qu'Obertone passe sur les plateaux de télé. Mais entendre en plus dans un enregistrement vidéo le président local de SOS Racisme, Jacques Savine, dire « ...qu'il ne peut pas toujours... tenir les jeunes qui sont très vigilants... », comme s'il dirigeait une organisation para-militaire. C'est très exactement les mots qu'employaient les leaders nazis qui expliquaient ne pouvoir tenir les jeunes allemands venant saccager les commerces des juifs en Allemagne, puis brûler sur les pavés les livres décadents ou d'auteurs indésirables. 


Entendre par ailleurs le même président de SOS Racisme prendre comme justification la période électorale actuelle... pour excuse de cette exigence de censure a de quoi interpeller sur ses préoccupations associatives. Est-ce que Jacques Savine va aussi demander l'interdiction de l'œuvre de José Giovanni, cet auteur condamné à mort en 1948, pour crimes odieux et membre de la pègre alliée à la Gestapo, qui fut gracié ensuite. Doit-on brûler les pellicules des films tirés de ses bouquins : La Scoumoune, avec Belmondo, Le Gitan avec Delon et Girardot, etc ? Faut-il interdire aussi Céline, collaborationniste et antisémite ? La réponse est évidemment non. 


On peut aimer ou ne pas aimer un livre et un écrivain, son œuvre. Et on peut aussi faire la part des choses comme André Malraux le fit à propos de Céline quand il eut cette sentence définitive : « ... Si c'est sans doute un pauvre type, c'est surement un grand écrivain. ! ». Que Jacques Savine et SOS Racisme Grenoble s'inspirent plutôt d'André Malraux que d'ordonner un autodafé symbolique insupportable de connerie préventive qui ressemble plus à une menace de voie de faits ! 


Par ailleurs, et si risque de débordement il y a, ce n'est pas à Jacques Savine de faire la police dans un État de Droit, mais à un Préfet ou à un procureur. Et c'est très mal choisir la date du 9 novembre, qui est celle de la commémoration de la Nuit de Cristal en Allemagne nazie que de revendiquer une censure d'un livre qui reste un acte inqualifiable en démocratie.


Jean-Marie Tarragoni