Antibes : Jean-Christophe Rufin
fidèle à la Culture Méditerranéenne.
Connu à la fois pour son engagement dans l’humanitaire, son action de diplomate, c’est son œuvre romanesque qui vient d’être récompensé par le Grand Prix Littéraire Jacques Audiberti. Curieusement le récipiendaire de cette récompense, Jean-Christophe Rufin, n’est pas spécialement attiré par le soleil mais là n’est pas, fort heureusement, la seule vertu des civilisations qui bordent le pourtour méditerranéen...
- Jean-Christophe Rufin et les membres du jury à la villa Eilenroc : Jean Leonetti, Didier Cauwelaert, Marie-Louise Audiberti, Jacques Gantiè, Pierre Joannon, Simone Torres, Dominique Bona -
Il était venu, le week-end dernier, recevoir son prix remis par Jean Leonetti, Député-Maire d’Antibes Juan-les-Pins, et médecin comme lui. Il prit aussi le temps d’aller à la rencontre de lycéens et du public. Le jury composé d’auteurs et de professionnels du milieu culturel et littéraire, était là, avec son charismatique président, l’écrivain Didier Van Cauweleart, venu présenter l’auteur et justifier son choix. En effet, il avait été décidé d’un commun accord que, pour apporter un nouvel essor à cette distinction, une ouverture plus large sur le monde littéraire, les lauréats devront non seulement avoir un lien avec la Méditerranée mais que leur œuvre soit une résonance avec celle de Jacques Audiberti. C’est son dernier roman paru chez Gallimard qui semble avoir fait pencher la balance en sa faveur. Le Grand Cœur est un roman historique mais œuvre romanesque davantage que fresque historique car, bien des incertitudes parsèment le parcours de Jacques Cœur. Né comme lui à Bourges (on ne connaît pas sa date exacte), il fut l’un des premiers marchands français à établir des échanges fructueux avec les pays du Levant, avant de devenir le Grand argentier de Charles VII, sorte de super Ministre des finances. Mais, menant de front sa carrière au service du roi et ses affaires personnelles, sa réussite... trop ostentatoire le conduisit à tomber en disgrâce...
On comprend que ce parcours ait pu séduire J.C Rufin qui fut proche du pouvoir politique et même acteur : au cabinet de François Léotard à la Défense, ambassadeur de France au Sénégal pendant 3 ans, il rejoindra l’équipe de campagne de Martine Aubry pour l’élection présidentielle et, de façon plus didactique, prend le temps de donner des conférences à l’Institut d’études politiques de Paris.
À compulser sa biographie, on a l’impression que, tout juste soixantenaire, il a vécu plusieurs vies, dans différents pays et collectionné au passage récompenses et honneurs. Médecin coopérant en Tunisie, président d’Action contre la faim, il fait aussi un bout de chemin à Médecin sans frontière, avant de se retrouver au Kosovo pour l’ONG Première urgence... sans pourtant tomber dans le « Piège humanitaire »... Brésil, Sénégal, Érythrée... Légion d’honneur, Arts et Lettres, Académicien devant l’Éternel... deux mariages, trois enfants... et parmi ses derniers avatars, un petit bout du chemin de Compostelle, pédestrement vôtre, 850 km quand même...
Avoir pu mener et participer à autant de projets tout en continuant à écrire, relève aussi de la performance. « Il est arrivé à concilier l’inconciliable », fera-t-il dire à un des ses héros, prenant un plaisir certain à faire le grand écart entre ses diverses activités (avant-hier il intervenait à Monaco dans le cadre des Assises de la Sécurité...). Si J.C. Rufin commence à écrire des essais, ce sont les romans « nourris par les événements de la vie réelle » qui lui apporteront la reconnaissance de ses pairs et du public. Il décroche l’Interallié, le Goncourt et hier, le Grand Prix Jacques Audiberti...