Aix-en-Provence : Sans alcool, la fête de la musique aurait-elle été plus folle ?

Il n’y a pas que les mélodies énervées qui ont résonné le 21 juin au soir...

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Célébrer la 30ème édition de la fête de la musique à Aix, c’est comme aller au Salon du Livre de Paris. Il faut faire un plan de bataille car de la Place de l’Archevêché à la route des Milles, tous les genres (électro, classique, reggae ou chanson française) étaient représentés dans la ville de Cézanne. Mais le chemin de croix des mélomanes était évidemment le Cours Mirabeau. Et ce n’était pas une mais deux grosses soirées qui étaient prévues aux extrémités de l’allée bordée de platanes.

- le groupe Anthony Hope venu de Norvège -Le roi René n’était pas un spectateur privilégié en cette nuit musicale. La statue du Comte de Provence et de Forcalquier n’était plus l’emblème du haut du Cours Mirabeau. La scène du « Class’Eurock » avait pris d’assaut la place proche du restaurant des Deux Garçons avec ses groupes locaux ou internationaux. Les Aixois de Five Day Ever, les Hangover Dose d’Avignon ou les Toulonnais de The Strange se sont succédé au milieu de leurs pairs européens. Surexcités par leur venue dans le sud de la France, les Norvégiens d’Anthony Hope ont vite réchauffé l’ambiance du début de soirée.

Mais la concentration musicale n’était pas qu’en haut de l’avenue, la Rotonde était aussi bien desservie musicalement parlant. La Fnac avait installé ses musiciens près de la fontaine des 3 Grâces berçant les spectateurs et les statues de l’Art et de la Science. Le chanteur parisien, Miro a raconté ses petites « histoires pathétiques » avec sa voix nasillarde et rythmes funky. Mais l’ambiance sonore se faisait aussi entendre loin des lumières et des micros, sur les pavés. De la batucada, percussions furieuses brésiliennes, sur les allées provençales, à la fanfare ambulante bruyante, les anonymes avaient également le droit de faire danser les passants.

Un silence était-il envisageable dans cette première soirée d’été ? Nullement, le Cours Mirabeau rengorgeait tous les 10 mètres de musiciens d’un soir jouant tantôt de leur guitare ou de la platine pour amuser la galerie. Mais les spectateurs n’avaient pas besoin exclusivement de musique pour s’égayer. L’engouement soudain pour les supérettes ouvertes tard le soir était quasiment général chez les jeunes auditeurs. Et les conséquences se faisaient voir très vite. Déambuler sur le Cours Mirabeau devenait un parcours du combattant pour éviter les groupes éphémères, leurs groupies et les danseurs en transe alcoolisée. Ces derviches tourneurs perdirent la tête et touchèrent terre dès 22 heures, bien avant l’arrivée des têtes d’affiche. Sur la scène du tremplin Fnac, les Marseillais de Nasser séduisaient assez rapidement leurs fans novices en les faisant s’agiter d’un seul et même mouvement. La Rotonde, devenue piétonne pour la soirée, ne suffisait plus pour contenir la foule en liesse qui envahissait aussi les terrasses de cafés. L’électro rock des musiciens de la cité phocéenne se mélangeait alors avec la sirène des ambulances très sollicitées.

- le chanteur Miro se donne… chœur et âme -

À minuit et quart, heure du couvre-feu musical, les Hushpuppies étaient les seuls à avoir le droit de faire vibrer les derniers accords de la soirée. Ces musiciens rock du sud-ouest avaient du mal à imposer leur dernier album, The Bipolar Drift, face à des spectateurs pas toujours capables d’apprécier la musique dans leur état. Heureusement, leurs tubes des premiers jours, You’re gonna say yeah et Single, ont réconcilié les mélomanes et les autres. Sitôt la musique finit, le Cours Mirabeau vide pouvait exhiber ses dégâts de lendemain de fête.