Suisse : les « Bourgeois » défendent mordicus

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Catégorie Pieds dans le plat

leur industrie de l’armement… Pour eux, la paix a un coût, celui de son industrie de l’armement !

Un franc est un franc et pourquoi se priver d’une industrie qui rapporte : l’industrie de l’armement, même s’il en résulte des effets secondaires… fatals. Elle concerne en Suisse plus de 50 entreprises qui emploient – argument définitif – 10 000 personnes…

Comme seuls les Suisses sont capables de le faire, un référendum d’initiative publique propose d’interdire les exportations de matériel de guerre. Mais, les partis bourgeois – c’est comme ça qu’ils se font appeler ici – ne sont pas de cet avis. Ils jugent cette initiative dangereuse. Elle aurait comme conséquence de créer du chômage et, ce n’est pas d’actualité.

Parmi les nombreux arguments avancés par ceux qui veulent garder au pays les usines et le marché à l’exportation ouvert, en figure un assez significatif. Cette mesure serait en effet inutile, affirment-ils, car les exportations suisses de matériel de guerre ne représentent que 0,7% des exportations mondiales. Pas de quoi donc en faire tout un plat… ce n’est pas avec si peu qu’on va bouleverser la carte du monde.

Les faucons qui parfois en sont de vrais, avancent toujours les mêmes arguments : les recherches technologiques réalisées dans l’industrie de guerre, que ce soit en temps de paix ou de conflits, font faire d’immenses progrès à la science et bénéficient à l’humanité. Et c’est vrai, car les budgets affectés dans la majorité des pays et ce depuis sans doute le début de l’ère industrielle, sont considérables et les scientifiques payés par les ministères de la guerre (pas de la paix, même si c’est soit disant pour la faire) travaillent dans des conditions optimales surtout comparées aux chercheurs qui travaillent dans le privé (hormis l’industrie pharmaceutique, ouvrir le dossier H1N1…).

Personne ne se demande ce que ces mêmes scientifiques trouveraient avec ces mêmes budgets (pensons aux milliards du programme « Guerre des étoiles », visant à protéger les USA et le monde dit libre, grâce à l’installation d’un réseau de satellites tout autour de la terre) ?

Autre raisonnement fallacieux pour les partisans de la poursuite de cette activité industrielle et industrieuse, ces fameux faucons qui ont de plus en plus l’allure de vrais, les critères en vigueur offriraient suffisamment de garanties pour que les armes suisses ne soient pas vendues à n’importe qui. C’est oublier un peu vite que, par le jeu des traités et des alliances opportunes, les alliés d’aujourd’hui, peuvent se révéler les ennemis de demain. Ainsi le gouvernement a autorisé l'exportation d’armes en direction de l’Inde et de la Corée du Sud. Alors qu’il a refusé plusieurs demandes provenant de Riyad, du Caire et d'Islamabad. Mais bien sûr, comme le dit avec délicatesse la ministre de l'économie Doris Leuthard : « Chaque guerre est atroce et doit être empêchée par tous les moyens, mais l'initiative populaire Pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre n'est pas le moyen adéquat »… Apparemment, ces arguties n’ont pas convaincu les 109 000 citoyens (soutenus par 35 organisations non… bourgeoises) qui ont signé en 2007 le texte soumis au vote populaire le 29 novembre prochain.

Nous ne sommes pas en Belgique et Jacques Brel n’a pas chanté les Bourgeois en pensant qu’ils n’existaient que dans les plats pays. En France, en Italie et en Suisse aussi, « les bourgeois, c’est comme les cochons, plus ça devient vieux plus ça devient bête, les bourgeois, c’est comme les cochons, plus ça devient vieux plus ça devient… »