Cannes : le MIPIM frappé de gigantisme,

Catégorie Les paradoxales

un risque pour la pérennisation de la manifestation… dans la ville du Festival et des congrès.

D’habitude tout le monde se félicite lorsqu’une manifestation de ce genre grandit et se développe. N’est-ce pas le but de toute entreprise et même de l’engeance humaine : croître et prospérer ? Là, on n’en est plus tout à fait sûr. Le MIPIM suit l’exemple du GSM et cela inquiète les organisateurs, son PDG en tête, Thierry Renault, qui se demandent comment contrôler ce succès. Le Palais des Festivals et la mairie se posent la même question. Pourra-t-on contenir la manifestation à Cannes ?

Devrait-on imaginer que ce marché se scinde, qu’une partie puisse avoir lieu à Nice, à l’Acropolis, une autre au Palais des Congrès Saint-Raphaël, ou plus près, sous réserve d’une intercommunalité réussie, au Cannet à La Palestre ou même à Grasse, la cité des parfums qui a, elle aussi, beaucoup à offrir ?

Ni le MIPIM Asia, ni, plus récemment la création du MIPIM Horizons destiné aux pays émergents - la première édition aura lieu en décembre – ni même le MAPIC, n’ont encore réussi à ralentir le succès ébouriffant du MIPIM actuel…

Ce qui semble évident, c’est que l’on ne pourra pas tenir encore longtemps comme ça. Avez-vous vu la file des participants, faisant la queue pour aller chercher leur badge. Jusqu’à deux cents mètres, en rang serré… heureusement, il n’a pas plu. Partie visible d’un iceberg, on se demande comment ces acteurs d’un des plus prospère marché de "l’immobilier", acceptent de loger si loin du Palais, de ses marches et de ses tentes. On parle de chambres louées jusqu’à Monaco et de temps de trajets qui, en eux-mêmes, ont rapidement un effet dissuasif.

- en rangs serrés pour obtenir son badge…

Peut-on redonner taille humaine à ce marché à l’appétit gargantuesque ? N’est-il pas trop tard ? Personne ne souhaite ici son départ et surtout pas tous ceux qui y trouvent quelqu'intérêt sonnant et trébuchant : hôteliers, restaurateurs, plagistes, commerçants de produits de luxe, loueurs de yachts et de villas, organisateurs d’événements, responsables de la SEMEC… Mais les chiffres sont là qui affolent les compteurs et alarment les décideurs.

Plus de 29 000 personnes cette année, autour des stands qui occupent plus de 27 000 m2 de surface. On approche des chiffres critiques du GSM, ce fabuleux congrès qui déménagea à Barcelone, causant un grand trou dans le Tourisme cannois.

« Le Marché international des professionnels de l’immobilier » c’est cinq jours de folie durant lesquels les professionnels de l’immobilier du monde entier déploient tout leur talent à brasser des affaires et à manipuler des budgets dont le nombre de zéros impressionnent ceux qui mélangent toujours les francs et les euros…

L'année prochaine on annonce d’ores et déjà plus de 30 000 participants et 32 000 d’ici à deux ans. A l’aube de cette échéance, il faudra avoir trouvé des solutions… Le compte à rebours a commencé. C’est à l’approche des 35 000 participants que le GSM était allé chercher ailleurs des lieux à sa taille.

  • le MIPIM, le MIPIM Asia, le MIPIM Horizons et le MAPIC sont des manifestations qui font partie de la galaxie Reed MIDEM. Le MIDEM, le MIP TV et le MIPCOM avaient été fondés par Bernard Chevry aux débuts des années 60, puis dirigés par Xavier Roy, avant d’être rachetés par « Midem organisation ». Le PDG actuel se nomme Paul Zilk. REED MIDEM est elle-même une filiale de « Reed Exhibitions » (située dans la banlieue de Londres), N°1 mondial dans l'organisation de Salons professionnels, avec plus de 450 événements par an dans une trentaine de pays.



Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – mars 2008 -
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