Obama ou McCain, quelles différences ?

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Catégorie Les paradoxales

Dernières réflexions avant la proclamation des résultats.

Les Américains verront-ils la différence entre un Obama ou un McCain ? Un fois élu, le nouveau président se trouvera face à une situation qui dépasse le clivage démocrate républicain. Le pays a clos fin septembre son exercice budgétaire 2008 sur un déficit fédéral record de 455 milliards de dollars. Celui-ci pourrait atteindre les 1 000 milliards lors de l’exercice suivant. On le mesure, les marges de manœuvre de la prochaine administration qui entrera en fonction le 20 janvier prochain, seront bien étroites.

L’un comme l’autre devra, dans l’urgence, chercher des solutions à la crise financière et immobilières qui touche le pays. Ils ont été tous les deux d’accord avec Georges Bush pour injecter 250 milliards de dollars directement dans les banques pour éviter des faillites. Mais sur le moyen terme, les recettes pour aller vers un rééquilibrage sont différentes.

La baisse des impôts, destinée à stimuler l’économie, mise en place par l’administration au pouvoir aurait principalement favorisé les plus hauts revenus qui ne représentent pourtant que 1 % des contribuables. John McCain souhaite la reconduire et la généraliser. Moins d’impôts pour les particuliers comme pour les entreprises, plus d’argent frais qui active la consommation et crée de l’emploi. CQFD.

Barack Obama souhaite, lui, infléchir les baisses d’impôt antérieures au bénéfice des moins fortunés et introduire divers avantages fiscaux au bénéfice des contribuables les plus modestes et des retraités. Concernant les entreprises, le programme démocrate prévoit des avantages fiscaux à destination des PME et des start-up pour stimuler l’investissement, et des crédits d’impôt pour les créations d’emploi.

En ce qui concerne les dépenses publiques qui sont largement responsables de la dette, là aussi les options diffèrent. Le candidat républicain annonce ainsi pouvoir réduire immédiatement de 100 milliards de dollars le montant des dépenses publiques. À l’opposé, Barack Obama parie sur un nouveau … « New Deal ». Il prévoit d’accroître l’investissement de l’État dans les infrastructures, la recherche et l’éducation, tout en supprimant certaines dépenses fédérales qu’il juge inutiles.

Les prises de position concernant le problème de l’assurance santé ont certainement été un élément de première importance dans le choix des électeurs américains. Les moins favorisés (qui souvent malheureusement ne votent pas) et maintenant les classes moyennes (de moins en moins moyennes), sont demandeurs de davantage de prise en charge et d’une meilleure qualité de soins. Il faut aussi savoir que 45,7 millions d’Américains ne possédaient pas de couverture médicale en 2007, soit 15,3 % de la population. Si McCain est fidèle aux principes de base de son parti, moins d’Etat : que chacun se débrouille pour s’assurer, seuls les plus pauvres bénéficient d’aides fédérales, Obama plaide pour une couverture de santé universelle. Elle a un prix, à partager entre le secteur privé et public. Il l’estime à 65 milliards de dollars par an… pour commencer.

En matière d’éducation, les deux candidats sont très critiques de la situation actuelle. Le républicain propose une meilleure répartition du budget de l’éducation sans toutefois l’augmenter, dans le style faire plus avec autant… Le démocrate promet d’augmenter de 18 milliards de dollars le budget fédéral alloué à l’éducation, faire plus avec plus…

Pionniers en matière des technologies numériques d’information et de communication, les Américains sont à la traîne quant à leur diffusion chez eux. Ils ne sont que 14ème au classement mondial en ce qui concerne le haut débit. Là encore, il y aura beaucoup à faire pour le 44ème président des États-Unis…

En attendant de pouvoir mesurer les conséquences qu’auront pour nous et pour les Américains, l’élection du prochain président, restons attentifs aux résultats de ce soir, en souhaitant qu’ils ne donnent pas lieu à la foire d’empoigne qui marqua la dernière élection… et qui priva le démocrate John Kerry d’une victoire à sa portée.

  • à lire ici la note de veille publiée par le Centre d’analyse stratégique.