David Lisnard : bataille sur le droit de la presse.

Le maire adjoint de Cannes gagne le dernier round contre Sud magazine.

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Où commence le droit de la presse, où finit-il ? Les limites sont floues et les juges donnent souvent raison à celui qui se plaint d'avoir été rudoyé dans les médias.

Le droit à la vie privée, le droit à l'image sont largement invoqués. La diffamation aussi. C'est ce dont se plaint l'adjoint au tourisme et suppléant du député-maire de Cannes Bernard Brochand. Mis en cause, Sud magazine et son directeur Daniel Gargani. Nous y avions fait référence dans notre article d'avril de l'année dernière lire l'article.

D'abord condamné en correctionnelle, Daniel Gargani avait gagné en appel pour finalement perdre en cassation. Il devait de nouveau faire appel de cette décision qui rétablissait la première sentence. Finalement la Cour de cassation a statué à nouveau et reconnu que le délit de diffamation publique envers un citoyen chargé d'un mandat public était constitué. Elle a condamné le journaliste à régler au plaignant la somme de 2 500 euros. On est loin des sommes rondelettes réclamées, propres à mettre à genoux l'éditeur.

Mais le sémillant adjoint n'en a pas fini pour autant avec les médias locaux. Systématiquement malmené sur le site Internet du brûlot anti-majorité municipale : Le Cannois déchaîné, il se dit maintenant blessé par les propos tenus dans le magazine Le Standard. Son rédacteur en chef, Jean-Marie Tarragoni lui décernait le titre d'élu le mieux payé de la Côte d'Azur.

Jean-Marie Tarragoni est un habitué des controverses et des joutes à fleurets non mouchetés. Il tire sur tout ce qui bouge et ne fait pas dans la dentelle. Considéré comme un mercenaire de la plume, tout ce qui tourne autour de la vie publique l'intéresse… Et, pour avoir suivi de loin son parcours journalistique et sa tentative de faire du Standard un quotidien azuréen concurrent à Nice-Matin, une question vient naturellement à l'esprit : pour qui roule-t-il aujourd'hui ?

Pour la petite histoire, on se souviendra qu'il avait eu maille à partir avec le conseiller-général et maire de Mandelieu, Henry Leroy et que le match avait failli se terminer en combat de boxe…

David Lisnard conteste les chiffres avancés. Ce ne seraient pas 8 000 euros par mois qu'il toucherait mais 6 600 euros. Ce qui n'est quand même pas rien pour un élu ! Il explique et revendique ses sommes par la qualité de son travail, par le cumul de ses fonctions et de ses responsabilités. Effectivement elles sont nombreuses.

En tant que 2ème adjoint, il est en charge du Développement économique, du Tourisme, du Palais des Festivals et des Congrès, des Casinos, de l'Emploi, des problèmes de proximité, des Cultes, de l'Événementiel, des Relations internationales. Il est aussi président de la société d'économie mixte qui gère le Palais des festivals, la SEMEC, président de la Commission municipale de Délégation de Service Public et président du syndicat intercommunal responsable de l'eau potable dans l'agglomération cannoise, le SICASIL. Cela fait beaucoup pour un seul homme… même si l'on sait que les élus ne sont pas assujettis au Code du travail et que les 35 heures ne sont pas au programme. Ce qui leur fait dire, un peu abusivement, qu'ils travaillent pour leur ville à 200 % …

Peu importe après tout que David Lisnard soit ou non l'élu le mieux payé de la Côte d'Azur. A l'aune de la réussite sociale, certains diront que c'est un compliment… In fine, le problème que met en évidence cette polémique, c'est celui du cumul des fonctions, électives et autres.

Les élus sont-ils assez payés pour ce qu'ils font ? Certains d'entre eux sont responsables de structures qui par leur taille et leur budget s'apparentent à d'importantes entreprises privées. Leurs tâches sont lourdes et nécessitent souvent de s'y consacrer à plein temps, d'où cette tentation de la professionnalisation de la fonction. Une meilleure rémunération serait peut-être préférable à cette concentration des pouvoirs qui conduit parfois les bancs de l'Assemblée nationale à ressembler à un désert…

Interrogés sur le sujet du cumul des mandats, les petits "candidats" à la présidentielle sont plutôt contre, les autres plutôt pour… il est vrai que les uns n'ont rien à gagner, les autres ont tout à perdre…

La presse nationale n'échappe ni aux droits de réponse ni aux procès. Hors classe, la presse people et ses indélicats paparazzi qui traquent les bobos et les vedettes du show-biz à longueur d'année et qui en ont fait leur fond de commerce. Membre de la très sérieuse presse d'opinion, le journal Libération vient d'être condamné pour avoir publié un texte dans lequel le juge Fabrice Burgaud était comparé à Adolf Eichmann. La sentence est assortie de 20 000 euros de dommages et intérêts…

Donnera-t-elle lieu à un appel qui pourra, selon le jugement, aller en cassation et, qui sait, finir devant la Cour européenne de justice ?