Le commerce équitable : mieux que rien !

Le bilan de ce début de conscience écologiste est en partie mis en cause par des partisans du développement durable.


- coopérative agricole, Jarabacoa, République Dominicaine -

Entre le prix à la production et le prix à la vente, il y a une marge incompréhensible pour les consommateurs lambda que nous sommes. Les paysans du monde entier sont logés à la même enseigne. Plus ils travaillent sur de petites exploitations et plus leur situation est précaire et dépend des caprices du marché et de la Bourse. En gros, le producteur touche 1 euro et, arrivé dans les rayons de la grande surface, l'acheteur paye, lui, entre cinq et dix fois plus, davantage parfois.

Le premier argument des inventeurs du concept "commerce équitable" consiste à accepter de payer un peu plus celui qui œuvre en début de la chaîne agroalimentaire. Environ le double, ce qui peut être considéré comme un effort encore modeste. Certains, comme Jean-Pierre Blanc, le Pdg de Malongo, veulent aller plus loin. Ils encouragent le développement de projets communautaires (santé, enseignement, transport,…) et environnementaux. La société niçoise s'est impliquée au Mexique, au Guatemala et à Haïti, avec un succès exemplaire dans cette approche sociale et écologique.

Reste un petit souci pour le consommateur, volontaire pour payer un peu plus un produit courant comme le café. Est-il vraiment issu du commerce équitable, profite-t-il vraiment à ceux auxquels il est censé profiter ? Car, il est un peu sceptique. On l'a tant de fois abusé. Il en arrive même à être suspicieux dès que le label écolo, bio, équitable,… atteint les grandes surfaces. Le concept a été récupéré par la grande industrie et cela lui semble quelque part incompatible. Souvent à juste raison.

Jean-Pierre Blanc veut jouer la transparence en ce domaine. Avec l’appui des Universités de Nice Sophia et de Haïti, il a réalisé une première mondiale de traçabilité. Demain, chaque consommateur, pour peu qu'il soit muni d’un téléphone portable de technologie RFID /NFC pourra, grâce à un "tag" électronique, sorte de code barre, accéder à des informations précises sur le produit et connaître son origine. Il pourra même téléphoner à la coopérative.

Ce commerce qui a l'ambition d'équilibrer les rapports marchands entre le producteur et l'acheteur, se localise sur une trajectoire nord-sud, les riches-les pauvres… L'idée d'un commerce qui prend davantage en compte le travail du producteur, du simple paysan, est en train de faire son chemin dans nos pays dits développés. Car, chez nous aussi règne cette troublante disproportion entre le prix payé au producteur et celui que paye le consommateur. De plus, stigmatisent certains de nos paysans, les produits du commerce équitable concurrencent dangereusement les productions locales. Salaires et taxes diverses se sont pas les mêmes au nord et au sud… Ils demandent qu'on reconnaisse la nécessité d'un commerce équitable nord-nord qui puisse bénéficier aux exploitations familiales.

Le commerce équitable a augmenté son chiffre d'affaire de 55 % cette année. Il doit rester équitable. Il doit avant tout profiter au petit producteur, qu'il vive en Europe ou en Amérique du Sud et pas un argument de commercialisation de plus pour des industriels dont l'unique souci est d'augmenter leurs parts de marché et leurs profits.

Espérons seulement que ce n'est pas demander l'impossible !

- mention : www.pariscotedazur.fr - mai 2006 -