Fernand Pouillon : un architecte controversé

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Vient de paraitre, l’ouvrage consacré à l’architecte Fernand Pouillon, par les Éditions du patrimoine, dans la collection Carnets d’architectes, sous la direction de Marc Bedarida.


On aime ou on n’aime pas. Le personnage est sulfureux et a fait à maintes reprises l’actualité. Né en 1912, il sort diplômé de l’École des Beaux-arts de Marseille, ville où il passa son enfance. Il construit son premier immeuble à Aix-en-Provence à l’âge de 22 ans. L’après-guerre lui offre l’opportunité de participer à la reconstruction de son pays. Souvent en décalage avec le monde des architectes, il s’emploie à réaliser des projets de construction bon marché, oppose le béton à la mode, à la pierre banchée, l’acier, le verre, la céramique, le bois... il n’hésite pas non plus à s’adjoindre la présence d’artistes. L’ensemble immobilier qui surgit sur le Vieux Port de Marseille le lance définitivement sur le marché. Certains le classent d’ailleurs parmi les précurseurs en matière de développement durable dans la mesure où il fait appel à l’artisanat local, utilise des matériaux de proximité.


- reconstruction  du Vieux Port de Marseille : cette carte postale des années 50, montre l'ensemble des immeubles dessinés par Fernand Pouillon en collaboration avec André Lecomte, André Devin et Auguste Perret -

Sa récente gloire le conduit en Algérie puis en Iran. De retour, il fait surgir des immeubles à Paris et alentour. Mêlé à un imbroglio juridique, il est arrêté, s’échappe, puis se rend à son procès. Condamné, il passera une année en prison. Libéré, il ne peut plus construire en France et se rend en Algérie qui l’accueille à bras ouvert. Il travaillera là-bas sur des projets hôteliers et touristiques. Fernand Pouillon est aussi un écrivain et un éditeur d’art. Il publia notamment « Les Pierres sauvages ». Ecrit en prison et consacré à l'histoire de l'abbaye du Thoronet, il lui a valu le Prix des Deux-Magots en 1965.

À l’occasion du centenaire de la naissance de l’architecte Fernand Pouillon (mort en 1986), les Éditions du patrimoine consacrent un Carnet d’architectes à son œuvre bâti, d’une ampleur exceptionnelle. Cette monographie permet notamment de la restituer et d’en saisir immédiatement les forces. La reconstruction du Vieux-Port de Marseille, la résidence Climat de France à Alger, celles du Point-du-Jour à Boulogne-Billancourt et du Parc à Meudon constituent aujourd’hui des repères importants dans l’histoire de l’habitat. Celui qui clamait avec véhémence construire mieux, plus vite et moins cher que les autres a démontré la compatibilité de la construction en pierre de taille et du logement de masse.


L’ouvrage qui tombe à point nommé - Marseille a été choisie comme capitale de la Culture et Fernand Poullion y a laissé son empreinte - permet de découvrir des projets ignorés ou méconnus : maisons industrialisées, plan d’urbanisme de Créteil et projet d’extension de Saint-Tropez… Il apporte quantité d’éléments inédits sur l’œuvre qui se révèle plus que jamais d’une extraordinaire richesse et d’une étonnante diversité.

  • Après un portfolio iconographique et une biographie détaillée et synthétique, Marc Bédarida l’auteur, lui-même architecte, propose l’étude détaillée des projets majeurs de l’architecte regroupés par typologies. L’ouvrage,  16,5 x 21 cm , broché, comptent 208 pages et 190 illustrations - 20 €.