- Ruben Ostlünd © FDC -

Un bateau de croisière pour les super-riches, symbole d’un capitalisme exacerbé, coule, laissant quelques survivants, un couple de mannequins, des influenceurs, des marchands d’armes… piégés sur une île. Le rapport des forces entre les nantis et le quidam ordinaire s’inverse. Que le spectacle commence !

Le réalisateur suédois ne fait pas dans la dentelle et prend un plaisir sadique à tirer à vue sur les riches, voire les très riches, les VIP et les Beautiful people. Mais pas que car, débarrassés de leurs atours et de leurs cartes de crédit, à égalité avec le petit peuple et bientôt en compétition avec lui, ils perdent avec leur pouvoir beaucoup de leur superbe. Une belle dynamique de groupe, révélateur du caractère de chacun et de ses failles.

Par association d’images, certaines scènes font irrésistiblement penser au film « La Grande Bouffe » de Marco Ferrari, présenté lors du 26ème Festival de Cannes, en 1973. Comme pour lui, des spectateurs sont sortis avant la fin du film, écœurés… pourtant, à notre époque, il en faut beaucoup.  

« Nous n’avions qu’un but, essayer de faire un film qui intéresse le public et qui le fasse réfléchir. Nous voulions que le public se pose des questions », déclarait l’auteur qui en profite pour rafler une  deuxième Palme en or.  La première, The Square, était elle aussi une satire, cette fois sur l’hypocrisie du monde de l’art contemporain.  

Le réalisateur fait dire au capitaine du bateau : « Un communiste est quelqu’un qui a lu Le Capital de Marx. Un anti-communiste est quelqu’un qui a compris Le Capital ». On se régale de voir l’ancienne Madame Pipi prendre le poste de commande et donner des ordres à ces VIP pas vraiment taillés pour faire front. Le jury n’est apparemment pas sorti avant la fin et beaucoup de spectateurs y ont trouvé leur compte avec ce savant mélange de comédie et de massacre à la tronçonneuse.