Cannes : le boulevard Gazagnaire,

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ici, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des kite-surfers…

Tous les Cannois ont une plage de prédilection. Il y a les inconditionnels de La Croisette, ceux pour qui les plages du Midi sont les plus belles, et puis il y a ceux qui ne jurent que par Gazagnaire. Elles ont toutes leur charme et leurs atouts.

Gazagnaire : la plage de mon enfance. Je suis née sur ce boulevard, j’y ai appris à nager. Année après année, je profite de l’une des plus belles vues sur l’île Sainte Marguerite. Plage familiale par excellence, il n’y a même pas de plage privée sur le boulevard, juste le petit Port du Mouré Rouge. Sans jouer les anciens combattants, cette plage est loin des paillettes, on n’y va pas pour exhiber son nouveau maillot mais bien pour profiter du sable fin et de la grande bleue, l’espace des baigneurs étant particulièrement vaste, ou plutôt, l’était.

Certes il y a les bouées dites des 300 mètres mais qui, au cours des années, se sont rapprochées de quelques dizaines de mètres. Peu importe, on a encore largement de quoi nager… s’il n’y a pas de vent. Or, nous avons eu une fin de printemps particulièrement ventée. Et là, on risque gros, sur la plage et dans l’eau, quand arrivent les kite-surfers !

Bien qu’un spot leur soit destiné au Palm Beach, ils estiment que c’est insuffisant. Donc, allons-y gaiement ! Ils envahissent non seulement l’espace des baigneurs mais vont jusqu’à la plage. Le week-end du 6 et 7 juin, les malheureux nageurs ont dû regagner le sable en 4ème vitesse, au risque de se faire heurter par ces planches qui vont à des vitesses impressionnantes, aussi rapides que certains bateaux, mais beaucoup moins maniables. Sur le sable, les mères ont dû se précipiter sur les enfants qui jouaient au bord de l’eau, les kite-surfers les rasant. Tout cela sous l’œil paisible des patrouilles de la police municipale qui, manifestement, semble être là… pour la non-intervention.

Malheur à vous si l’un de ces charmants sportif perd le contrôle de son engin. Cela s’est produit il y a quelques semaines et je n’ai dû mon « salut » qu’aux pins et au lampadaire du boulevard, qui ont arrêté sa voile ! En perdition, ce pauvre garçon a rasé mon matelas en appelant au secours !

Mais il est hors de question de leur faire le moindre reproche : agressifs, ils n’hésitent pas à vous menacer. Avec mes 50 kilos bien mouillés, que puis-je faire en face de garçons qui en pèsent pratiquement le double et dont les intentions sont loin d’être pacifiques.

Sommes-nous dans une ville de non loi ? C’est la question que les administrés du quartier sont en droit de se poser. J’ai été élevée avec quelques principes, dont un qui dit que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Ce n’est manifestement pas le cas à Gazagnaire. Faut-il attendre qu’il y ait un accident grave, voire un décès pour que les forces de l’ordre daignent intervenir ? Les kite-surfers vont-ils devenir des killed-surfers ?

Brigitte Brunot