S'agit-il du film où Alain et Romy prenaient un bain ou de l'établissement parisien, près du Stade nautique Georges Vallerey, là où les Renseignements étaient centralisés ? Non, il s'agissait bien, lors d'un dernier conseil municipal, de s'engager un peu plus dans l'ambitieux projet d'un bassin olympique à Cannes. Après avoir dégager un budget pour des études de faisabilité, les élus ont accepté, avec quelques réticences, le principe de sa construction.

C'est que sur ce sujet, les sceptiques sont nombreux et se posent à juste titre quelques questions capables de remettre en cause ce choix. Une piscine couverte de 25 mètres existe déjà à quelques pas. Il eut été plus logique de choisir un quartier à l'autre bout de la ville, car c'est un fait, nous sommes dans une région sous-développée en installations nautiques ouvertes au public en hiver.

Le prix de la construction de cette nouvelle installation sera très élevé mais ce sont surtout les frais de fonctionnement qui inquiètent. Apparemment les communes voisines, qui ne semblaient au départ pas contre, ont réfléchi et se désengagent. Leur participation financière ne profiterait guère à leur population, il faudrait régler le problème du transport pour les scolaires utilisant les installations : achats de nouveaux autobus, personnels, perte de temps…

Pour Mougins le problème ne se pose pas ; comme pourrait le dire son maire, Roger Duhalde : « presque tous mes administrés ont leur piscine ! »… Donc c'est Cannes qui payera, et la piscine chauffée et découverte fera avant tout l'affaire du Club de compétition et pas forcément celle d'une population dont la moyenne d'âge approche la soixantaine…

Ce bassin olympique est-il un luxe ou une nécessité ? N'y a-t-il pas des alternatives plus raisonnables dés lors que l'on veut offrir à la population des services pour sa majorité ? Pour une dépense égale ou inférieure, une ou plusieurs piscines de "proximité" par exemple qui desserviraient différents quartiers. Fiers de nos champions bien sûr, un bassin olympique est-il pour autant indispensable à leur épanouissement et à leur multiplication ? La question mérite d'être posée, d'autant que l'existence à Antibes de ce même type d'installation leur permet de compléter leur entraînement dans des conditions suffisantes.

De la même façon qu'on est en droit de se poser la question : une ville comme Cannes a-t-elle vraiment besoin d'avoir une équipe de foot en 1ére division (avec toutes les dépenses que cela induit), a-t-elle besoin d'un bassin olympique découvert et chauffé ? Certes nous sommes dans une ville où l'industrie du luxe nourrit, mais ce luxe là risque plutôt de contribuer à faire de Cannes une des villes les plus endettées de France !

Avec justesse et humour un conseiller municipal, en s'adressant à Jean Wohl, un des principaux initiateurs du projet, craignait qu'il soit celui de la passion plus que de la raison.

Chaque passion a un prix, faut-il la faire payer à tous et pour quel prix !

René Allain – octobre 1998 -