La guerre en Ukraine. Des hommes meurent et la nature en prend aussi plein la gueule…

La pandémie maintenant sur le déclin a coûté très cher. En vies humaines mais pas que. Toutes sortent de pollutions sont apparues, la moindre étant la présence des masques abandonnés un peu partout. Pour Amélie Poinssot, L’agression russe sur l’Ukraine est un cauchemar pour l’écologie :


- plantation de soja en Ukraine, photo Judd McCullum -

« Cela fait partie des scénarios déjà annoncés par le Giec cet été : la montée des conflits pourrait entraîner une hausse moyenne des températures mondiales de 3 à 3,5 degrés d’ici à la fin du siècle, quand l’objectif est, actuellement, de les limiter à 1,5 degré.

Si un autocrate se met à massacrer un peuple sans raison, comment espérer de lui qu’il mette son pays sur la voie d’une transition écologique ? La Russie, premier producteur de gaz fossile avec Gazprom – l’une des trois entreprises au monde les plus émettrices de gaz à effet de serre – avait déjà tardé à adopter l’accord de Paris de 2015. Elle ne l’a ratifié que quatre ans plus tard. Entre-temps, la production du géant gazier a augmenté de 15 %...

À Odessa, Mykolaïv, Marioupol, les ports ukrainiens de la mer Noire et de la mer d’Azov, des cargos de céréales à destination des marchés mondiaux sont bloqués. Les prix flambent ; mardi soir, la tonne de blé a atteint un nouveau record de 351 euros. Dans les allées du Salon de l’agriculture, qui se tient cette semaine porte de Versailles à Paris, la réponse apportée par les organisations dominantes du monde agricole était d’en appeler à la souveraineté nationale afin que l’Hexagone soit moins dépendant des importations en provenance du grenier à blé ukrainien. Elles en profitaient pour exiger, une nouvelle fois, un assouplissement des mesures environnementales que tente de mettre en place, laborieusement, la politique agricole européenne.

Alors que des denrées de première nécessité, tant pour l’alimentation humaine que pour l’alimentation animale, pourraient venir à manquer dans quelques mois, l’argument écologique d’une agriculture plus respectueuse des écosystèmes aura certes peu de poids. Pourtant, les urgences sont là aussi, moins spectaculaires, moins marquées sous le sceau de l’évidence.

 Dans une enquête publiée dimanche, Mediapart raconte comment le n° 2 de la volaille français, Duc, a abandonné la production bio et d’autres labels pour ne produire que du poulet bas de gamme à travers un vaste plan de construction de mégapoulaillers dans lesquels sont entassés 22 poulets au mètre carré. Depuis longtemps, l’élevage porcin, notamment en Bretagne, est également engagé dans cette voie de l’industrialisation hors-sol. Ces modes d’élevage recourent au soja brésilien… comme aux maïs et tournesols... ukrainiens. »