Hatha-Yoga, en version occidentale…
Cette pratique définitivement entrée dans les mœurs, est apparue en Occident au milieu des années soixante. En Europe, elle fut amenée d’abord par André Lysebeth et Philippe De Méric, deux Belges, tandis qu’en Suisse Selvarajan Yesudian et sa compagne Elisabeth Haich, s’imposaient dans cette démarche vulgarisatrice.
- Eva Ruchpaul -
Parallèlement, en Amérique du Nord, de jeunes indiens portaient la bonne parole et trouvaient un public attentif, plus sensible encore au message spirituel véhiculé par le Yoga que chez les Européens. Ils ouvrirent des écoles qui essaimèrent rapidement à travers tous les États-Unis et le Canada. Je pense notamment à Satchidananda et à Visnudevananda qui arrivèrent opportunément en plein épisode « Peace and Love » du New Age. Ces gurus marquèrent leur époque et ne furent pas vraiment remplacés.
Avec le recul, on constate que la pratique du hatha-yoga, s’est concentrée chez nous sur ses effets bénéfiques présumés sur la santé physique et mentale. Certains mêmes lui ont trouvé des applications dans le domaine du sport de compétition. L’apnéiste marseillais Jacques Mayol (premier à plonger à 100 mètres de profondeur sans bouteille) montra le chemin tandis que l’entraîneur national de ski, Honoré Bonnet (période Killy-Perillat), fit suivre des cours de yoga aux membres de son équipe sous la responsabilité d’Eva Ruchpaul. C’est cette dame, petite par la taille et grande par son aura, qui me convaincra d’enseigner le hatha-yoga dans les années 70. Rencontrée par hasard à Gstaad, elle m’invite à Paris et me fait partager sa compréhension et son approche de cette technique venue de l'autre bout du monde. Considérée comme une des première femme yogi d’Europe, elle fonda à Paris un centre de formation de professeurs qui exercent, en France et à l’étranger, son yoga « bien tempéré »...
- Indra Devi, Tecate, Mexique -
Ainsi, grâce à elle et à sa recommandation, me voilà dispensant des séances de hatha-yoga au Club Med de Guadeloupe, La Martinique et Acapulco. C’est là que je tombe - encore par hasard - sur un petit livre d’Indra Devi. J’adhère à son désir de démocratiser le yoga, de le mettre à la portée de tous, notamment des personnes âgées, et pas simplement d’en faire une forme occidentalisée de gymnastique corporelle. Je lui écrits et elle me donne rendez-vous dan son ashram de Tecate, au Mexique, à la frontière de la Californie. J’y suis un cours de formation et en ressort diplômé de sa Saï Baba Academy. Mais sa croyance dans les miracles de son maître indien sensé matérialiser des objets divers et son présumé don d’ubiquité, dérange mon esprit cartésien…
Je me retrouve quelques mois plus tard aux USA où j’enseignerai ici et là à de petits groupes. Au Québec, je réponds à une demande de Suzanne Piuze qui cherche des professeurs pour son école de Montréal et est sur le point d’ouvrir un centre santé-yoga à Eastman, en Estrie. C’est une belle personnalité. D’abord journaliste, elle est à la pointe des enjeux féministes. Elle sera d’ailleurs une des premières femmes à avoir le droit de divorcer au Québec en... 1968. Elle est courageuse, elle est curieuse, elle a des idées et s’ouvre à la vertébrothérapie, l’acupuncture, la médecine naturelle… Mais je n’adhère pas à tout. Je reprendrai mon autonomie quelques mois plus tard et dispenserai encore des cours de yoga dans le cadre de l’École de danse de Françoise Graham, à Montréal. Mon retour en France, pour raisons personnelles, marquera un point final à cette partie de ma vie. Un bilan riche d’expériences passionnantes, mâtinées d’un seul regret. Celui de l’avoir pas pu convaincre les autorités sportives du Québec, dans la perspective des JO de 1976, d’utiliser le yoga comme un outil de préparation complémentaire pour les athlètes sélectionnés, et ce malgré l’appui discret de la secrétaire-générale du CIO de l’époque, Monique Berlioux.
- Suzanne Piuze, Eastman, Quebec -
- Autre épisode en rapport avec ces aventures, ma rencontre avec Jiddu Krisnamurti. D'abord à travers la lecture de ses livres, de ses conférences et lors d'un mémorable face à face dans son école de Broockwood Park en Angleterre. Mais c’est une autre histoire...