L'impact de la pandémie du coronavirus sur l’approvisionnement…
La pandémie du coronavirus qui touche maintenant le monde entier a et aura des bouleversements durables sur toutes les chaînes d'approvisionnement en biens de consommation en tout gente. Vidya Mani, professeure associée en administration des affaires et experte en gestion des technologies et des opérations à la « University of Virginia Darden School of Business » livre ici son analyse :
- Chine - photo Pierre Dufour -
« Compte tenu de l'épidémie initiale et de l'arrêt des activités en Chine et dans les pays asiatiques voisins, toutes les opérations de fabrication basées dans cette zone, ou s'approvisionnant en matières premières en Chine, ont été perturbées par l’épidémie. Les secteurs de la vente au détail, de l'électronique et de l'automobile semblent avoir été les plus touchés. La plupart des fabricants ont épuisé les stocks qu'ils avaient cumulés pour les vacances de l'année lunaire et les stocks de sécurité et se sont retrouvés face à des pénuries.
Comme le virus s'est répandu dans le monde entier, nous constatons des effets comparables à ceux de la crise de 2008 ou au ralentissement de l'économie après le 11 septembre.
Nous avons eu du mal à remettre en marche les usines en Chine et dans d'autres pays. Maintenant alors que la demande est en baisse, je m'attends à ce que les liquidités se tarissent dans la chaîne d'approvisionnement. Cela signifie que les PME et les fournisseurs ne pourront pas payer leurs propres fournisseurs. Ensuite, ils ne pourront pas écouler leurs anciens stocks et faire place à de nouveaux approvisionnements et nous assisterons au ralentissement de la chaîne dans son ensemble.
Au Bangladesh, les travailleurs de l'habillement ressentent déjà les effets de ce ralentissement et d'autres secteurs suivront. Ces effets de bouclage seraient similaires aux répliques d'un tremblement de terre : nous continuerons à voir l'effet de retour entre les contraintes de l'offre et de la demande, mais l'espoir est qu'ils s'aplatissent avec le temps.
Le virus n'est pas un effet saisonnier. Il a commencé au plus fort de l'hiver et devrait se poursuivre tout au long du printemps et de l'été. Cela signifie que toute industrie qui était fortement dépendante de la demande saisonnière (par exemple, la mode, la rénovation, la vente de meubles, le tourisme…), le ressentira avec plus de force, car elle a perdu des affaires pendant toute une saison et peut ne pas avoir les liquidités nécessaires pour répondre à la demande qui reprendra la saison suivante. Les événements sportifs et musicaux et toutes les entreprises associées à ces événements peuvent ne pas se rétablir avant l'année suivante.
Nous nous attendons à ce que les secteurs de la technologie, de la technologie de laboratoire et autres secteurs similaires en rapport avec la santé, du divertissement (streaming, jeux...) et certaines entreprises de restauration (qui permettent des options de livraison et de livraison en ligne), souffriraient le moins de la pandémie. La mise en garde est d’avoir un personnel en bonne santé et capable de fonctionner, sinon le problème d'approvisionnement ici n'est pas que les marchandises ne soient pas disponibles, mais qu'il n'y ait pas de personnes pour assurer le service pour le client.
Les technologies de l'éducation et de réseau informatique deviennent les secteurs à potentiel de croissance. Les gens ont toujours besoin de suivre des cours, obtenir leur diplôme, utiliser leur téléphone et effectuer des transactions financières. Je m'attends à ce que ces secteurs connaissent une évolution à laquelle nous ne nous attendions pas. Cela pourrait changer complètement notre façon de concevoir l'éducation et les services virtuels ».
Pr. Vidya Mani
[Verra-t-on le développement de solutions de proximité, y aura-t-il des relocalisations d’entreprises de production, notamment dans le textile et l’agriculture, les gens prendront-ils leurs vacances moins loin, mangera-t-on de plus en plus local ? Voilà le genre de questions qui devra se poser l’humanité. Questions qui nous amènent à redéfinir les enjeux, l’importance de nos choix sur le long terme versus le court terme. Jusqu’à présent, la prospérité était synonyme de consommation mais d’évidence, elle va connaître un frein, l’occasion de rabattre les cartes et de mettre en avant de nouveaux paradigmes comme la recherche du bonheur à travers la ‘sobriété heureuse’ par exemple. AD]